Front national : Les médias complices ?
L’odieuse litanie du Front national, qui se plaint depuis toujours de n’avoir pas droit au même traitement médiatique que les autres partis, a fini par avoir gain de cause.
dans l’hebdo N° 1275 Acheter ce numéro
Est-ce parce que le loup s’est déguisé en mouton qu’on doit lui ouvrir grand les portes de la bergerie ? L’odieuse litanie du Front national, qui se plaint depuis toujours de n’avoir pas droit au même traitement médiatique que les autres partis, a fini par avoir gain de cause. Le FN est partout. Débattant dans la même arène que les politiques « ordinaires », envahissant les « 20 heures », trouvant rarement en face de lui des contradicteurs à sa mesure. Sa langue même a contaminé certains journaux où il arrive de trouver l’expression « UMPS » écrite sans guillemets… Bien sûr, il n’y a pas de complotisme pro-FN. On se gardera de décerner, comme l’avait fait Pierre Carles, une « laisse d’or » à David Pujadas, que nous épinglons dans ce dossier. Ce sont d’autres mécanismes qui sont à l’œuvre : la paresse intellectuellle, la soumission à la communication politique et, plus profondément encore, l’effacement de la question sociale. Car ce n’est pas tant le FN qui monte que la politique sociale du gouvernement qui déçoit. Or les idées du parti d’extrême droite ne sauraient en aucune façon répondre à la souffrance sociale. Bref, il faut sortir de l’effet de loupe médiatique et des prophéties autoréalisatrices. Pour cela, certains médias doivent d’urgence se défaire du panurgisme, des routines professionnelles et de la dictature de l’audience (car la marque « Le Pen » fait vendre…). Impossible ? Le seul chemin en tout cas pour tenter d’endiguer l’ascension « résistible » – et non « irrésistible » comme on le lit trop souvent – de l’extrême droite en France.
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