Hollande plante les paysans
Les espoirs de la Confédération paysanne ont été douchés par les annonces du Président.
dans l’hebdo N° 1272 Acheter ce numéro
Stupéfaction, le 2 octobre, dans l’équipe exécutive de la Confédération paysanne, en découvrant les annonces de François Hollande au sommet de l’élevage à Cournon (Puy-de-Dôme) sur l’application de la réforme de la Politique agricole commune (PAC), adoptée en juin dernier par l’Union. « Il a cédé au lobby de l’agro-industrie, commente Laurent Pinatel, porte-parole national du syndicat de petits paysans. La concertation organisée pendant des mois par le ministère de l’Agriculture n’était qu’un simulacre. »
Seule satisfaction : les aides européennes seront majorées pour les premiers 52 hectares, rééquilibrage partiel au profit des petits agriculteurs d’un dispositif qui favorise largement les grandes exploitations. « C’est la mesure phare arrachée par Le Foll à Bruxelles », reconnaît le syndicat, qui attendait qu’y soient consacrés 30 % de l’enveloppe des aides gérées par les États – autre conquête du ministre. Surprise : ça sera 20 % seulement, ce qui rognera moins sur la part des 20 % de grands exploitants qui touchent 80 % des aides. Conséquence : des revenus agricoles variant de 12 000 à 76 000 euros annuels, écarts que la France n’entend réduire qu’au plus éloigné des horizons prévu par Bruxelles (2019), et pour 70 % du montant des aides seulement, qui représentent souvent plus de la moitié du revenu des agriculteurs. Autre déception : les conditions environnementales d’attribution sont anecdotiques.
« Nous avons entendu un discours d’un autre temps, incitant l’agriculture française à gagner des marchés internationaux “pour nourrir le monde”, déplore Laurent Pinatel. L’agroécologie, terme fétiche de Le Foll, a disparu. Le ministre a été clairement désavoué. Le Président acte une agriculture à deux vitesses, privilégiant le productivisme, si possible intensif et exportateur, très peu pourvoyeur d’emplois. Il lui faudra s’expliquer auprès des nombreux élus PS qui nous suivent. » Fin des illusions : la Confédération paysanne annonce une stratégie plus offensive, à l’image de son engagement contre le projet industriel des « 1 000 vaches [^2] ». Car d’autres reculs sont encore possibles dans le budget de la PAC : la prime aux 52 hectares sera-t-elle forfaitaire comme le souhaite le syndicat ? Quelles mesures spécifiques pour les filières en difficulté – petits ruminants, fruits et légumes, etc. ? Prochaine bataille : la « loi d’avenir pour l’agriculture » de Stéphane Le Foll, examinée par les députés en janvier 2014.
[^2]: Voir Politis n° 1268, du 12 septembre.