La belle Hélène (À flux détendu)
À propos d’un texte politique d’Hélène Hazéra, qui constate avec tristesse qu’aucun jeune trans aujourd’hui n’accède à la profession de journaliste.
dans l’hebdo N° 1274 Acheter ce numéro
C’est l’un des Rebonds les plus forts publiés dans Libération ces derniers temps. Un texte politique à la première personne. De l’intime et du militantisme. Une façon d’écrire à partir de soi vers les autres qui devient plus rare aujourd’hui où l’on écrit davantage sur soi pour soi – ou plus exactement pour son autopromotion. Hélène Hazéra est l’auteure de ce Rebond, publié le 18 octobre. Son titre, « Une trans à Libé, c’était hier », indique sa préoccupation. Hélène Hazéra constate avec tristesse qu’aucun jeune trans aujourd’hui n’accède à la profession de journaliste. « Non seulement les médias disent des conneries sur nous, mais en plus ils nous sont fermés », écrit-elle, elle qui fut la première femme trans à avoir intégré une rédaction en France – c’était il y a trente-cinq ans. L’occasion pour elle, aujourd’hui productrice sur France Culture d’une émission consacrée à la chanson, « Chanson Boum », d’évoquer ses débuts à Libé et de rappeler deux grandes figures du journalisme, ses deux parrains, Michel Cressole et Guy Hocquenghem, homos à la radicalité flamboyante, morts du sida. Fidèle à Act Up depuis de nombreuses années, Hélène Hazéra, qui écrit également des textes pour le site minorités.org – dont un formidable et ample portrait de Michel Cressole –, perpétue leur esprit intègre. C’est ainsi que, dans son Rebond, j’ai été touché par ces lignes sur la communauté trans : « L’honneur de cette communauté sera d’être aux côtés des plus maltraitées, de ne pas jouer le jeu de la “bonne image” en abandonnant les marginales, les précaires, les putes, les séropos, les migrantes, celles en prison… Sans oublier les violences, les meurtres où la victime est tuée une deuxième fois quand on parle d’elle au masculin dans le journal. » Hélène Hazéra : une très grande dame.
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