Mauvaises nouvelles du futur
Le dernier rapport du Giec confirme toutes les alarmes des précédents sur la réalité du dérèglement climatique, qui s’aggrave.
dans l’hebdo N° 1271 Acheter ce numéro
La machine climatique est profondément affectée par les activités humaines, et les certitudes se renforcent – réchauffement, hausse du niveau des mers, événements météorologiques extrêmes, etc. Voilà la teneur du chapitre « scientifique » du dernier rapport livré par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) le 27 septembre.
Peu de révélations spectaculaires dans cette 5e édition (après 1990, 1995, 2001 et 2007), alimentée par plus de 800 chercheurs. Sa force tient dans la réduction quasi généralisée des marges d’incertitude. Ainsi, le Giec estime « extrêmement probable » que l’homme soit la cause principale du réchauffement planétaire. Le vocable correspond à une probabilité de 95 %, contre 90 % en 2007. Depuis la fin du XIXe siècle, les températures moyennes ont grimpé de 0,85 °C. Les dix années les plus chaudes jamais mesurées sont toutes postérieures à 1998. Selon les scénarios, il faut compter sur une augmentation de 0,3 °C à 4,8 °C supplémentaires d’ici à la fin du siècle. Cependant, la trajectoire la plus optimiste suppose un effort de réductions des émissions de CO2 quasi inaccessible. Dans tous les autres cas, la probabilité de dépasser 2 °C d’augmentation est supérieure à 50 %. Un seuil que les scientifiques considèrent comme décisif : au-delà, certaines conséquences sont imprévisibles. Et si l’on ne fait « rien », les températures grimperaient de près de 5 °C. Un bouleversement équivalent, en quelques décennies, à celui de la dernière glaciation. Pour mémoire, les émissions de la dernière période ont dépassé celles du scénario le plus pessimiste du Giec 2007…
Le niveau des mers est le point immédiatement le plus préoccupant, parce que les chercheurs ont été pris à contre-pied ces dernières années. Le Giec prévoit désormais de 26 à 82 cm de hausse avant 2100, au lieu de 18 à 59 cm en 2007. En cause : la fonte accélérée des glaciers du Groenland et de l’Antarctique Ouest, dont la dynamique pourrait encore révéler des surprises à court terme. Quant aux événements extrêmes (ouragans, canicules, inondations), ils devraient devenir plus fréquents et plus longs. Les deux prochains chapitres (impacts et moyens d’atténuation) sont attendus début 2014. Et le dernier volet, le plus stratégique, à l’automne prochain : c’est le « résumé à l’attention des décideurs », validé par des délégués gouvernementaux. Édulcoré, donc, mais toujours suffisamment alarmiste, il sert de référence lors des négociations climatiques internationales.