Mômes surréalistes

Un livre pour minots en gravure sur bois ! Vingt-huit planches travaillées à la gouge en cinq (et belles) couleurs. Pour les initiés, cet exploit a déjà des résonances surréalistes, tant le travail – et le risque d’erreur – est important. Pour les néophytes, ça donne Détective Rollmops, une merveille grand format, ouvertement oubapienne. « Oubapienne » ? Allons bon, qu’est-ce donc que cette déviance ? L’Ouvroir de bande dessinée potentielle (Oubapo) est à la BD ce que son aîné Oulipo représente en littérature : un champ d’aventures où les contraintes titillent l’imaginaire.

Dans cette jungle, terrible jungle graphique, déambule Rollmops. Le célèbre détective encore méconnu tient moins du poisson enroulé que du tryclope bleu et bouchu. C’est dire si ses créateurs, Renaud Farace et Olivier Philipponneau, s’en sont donné à cœur joie. Les enquêtes de Rollmops lui font perdre le sens de l’orientation et chercher celui de l’humour. Quant à nous, lecteurs, il nous faut mettre l’œil à la page, voire la main à la pâte : jeu de l’oie ou pliage en règle, Détective Rollmops ne s’adresse pas à « des paresseux qui tournent mollement les pages ». Ce mot d’ordre (ou de désordre…) se situe aux croisements de l’enfance et de la bande dessinée indépendante. Là, Detective Rollmops rejoint le Poulpe multipotent  [^2], fabuleuse et impertinente petite revue “écolo-bricolo” pour préados et adultes. Décidément, dans le monde souterrain de l’édition, les animaux marins et malins ont le vent en poupe.

[^2]: Des éditions l’Institut Pacôme, http://institutpacome.free.fr