Municipales : Le grand écart à risque du PCF

Les communistes iront à la bataille sur des listes aux configurations très diverses. Un pragmatisme qui menace l’unité du parti et que tente de conjurer Pierre Laurent.

Michel Soudais  • 10 octobre 2013 abonné·es

Alliance avec le PS ou liste Front de gauche, élargie le cas échéant à d’autres formations hostiles aux politiques d’austérité ? Les sections communistes qui n’ont pas encore choisi leur stratégie aux municipales doivent ces jours-ci se prononcer par un vote de leurs adhérents. Vendredi, ce sera chose faite à Marseille, où le chef de file désigné, Jean-Marc Coppola, et les responsables fédéraux travaillent depuis plusieurs mois à la constitution d’une liste initiée par le Front de gauche. À Paris, où la direction fédérale, qui devait se réunir mardi soir, penche pour une alliance avec Anne Hidalgo, le vote se déroulera du 17 au 19 octobre.

Ce chacun chez soi comporte néanmoins un risque que la direction du PCF a tenté de conjurer en convoquant, samedi dernier, une assemblée générale extraordinaire de ses animateurs de section. De cette réunion, les comptes rendus de presse ont essentiellement retenu le rejet de la stratégie prônée par Jean-Luc Mélenchon et le Parti de gauche – ainsi que la quasi-totalité des organisations du Front de gauche – formulé par Pierre Laurent dans son discours de clôture. « Le maître mot pour nous n’est pas autonomie, c’est rassemblement », a déclaré le numéro un communiste. « Cette bataille du rassemblement doit être menée comme une bataille politique publique en interpellant les citoyens. Ça ne se règle pas dans les couloirs, fussent-ils les couloirs du Front de gauche », a-t-il ajouté. Auparavant, un de ses proches, Igor Zamichiei, secrétaire de la fédération de Paris, avait été plus incisif. Défendant les discussions en cours avec Anne Hidalgo, contre l’avis du PG parisien, il s’est félicité que celles-ci aient « permis de rendre majoritaire » l’objectif du PCF : aller vers 30 % de logements sociaux dans la capitale.

Le choix des communistes d’Évry, dans l’Essonne, était scruté avec intérêt. Allaient-ils opter « pour la poursuite du combat à gauche avec le PS », c’est-à-dire avec le maire Francis Chouat et l’équipe mise en place par Manuel Valls, le plus droitier des socialistes ? C’est ce que réclamaient les élus locaux du PCF. Ils n’ont pas été suivis. Lundi, les militants communistes – près de 25, selon le Parisien – se sont prononcés « à une très large majorité », indique leur secrétaire de section, Gérard Birebent, « pour un large rassemblement autour de l’Humain d’abord au-delà du Front de gauche ». Une formulation jugée « ambiguë » par un des élus sortants, Diego Diaz. Elle fait pourtant référence au programme défendu à la présidentielle par le Front de gauche.

Cette proposition, qui figure parmi 75 autres présentées par le PCF, a été acceptée par la candidate du PS pour 2030. « Jean-Luc Mélenchon nous demande de choisir entre une prétendue autonomie et l’union des forces de gauche, a-t-il lancé, je lui rappelle que notre choix d’autonomie a été fait en 1920. À lui de choisir entre isoler le Front de gauche ou le placer au cœur de la gauche. » Quelques minutes plus tôt, Pascal Salvoldelli, en charge des élections au PCF, avait reconnu qu’ « il y aura au premier tour des listes sans l’union de toutes les forces de gauche ». « Mais, de notre part, il n’y aura pas de listes dites autonomes », a-t-il insisté en opérant un distinguo subtil : « Certaines de ces listes relèveront d’un choix volontaire justifié par un contexte local, d’autres auront été imposées par l’attitude d’autres composantes de la gauche. » Car, derrière la diversité des situations locales, la direction du PCF entend imposer l’idée que son parti n’a qu’une stratégie, celle du « rassemblement ». Au service de trois « priorités », ainsi hiérarchisées par M. Salvoldelli : conserver « nos villes », emporter « les villes gagnables » – au nombre de 32 dans 17 départements, selon lui – et « élargir le nombre d’élus communistes et Front de gauche partout où c’est possible ».

Cette insistance à prétendre que « le commune par commune produit du commun qui contribue à une cohérence d’ensemble utile au renforcement de l’unité du parti » ( dixit M. Salvoldelli) résume tout l’enjeu de cette montée à Paris des animateurs de section. Faire passer l’idée que tous les choix ont leur légitimité et qu’ils ne doivent pas diviser le parti. Plusieurs intervenants ont appelé à conjurer ce « risque » et invité les communistes à faire preuve de « solidarité nationale, départementale et locale ». Laissant supposer que cela ne va plus de soi.

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