Un triomphe médiatique, vraiment ?

En termes de rendez-vous politique, « Des paroles et des actes » est un incontournable sismographe des popularités. C’est justement Marine Le Pen qui inaugure ce programme de France 2, en juin 2011. À la clé, 3,6 millions de téléspectateurs. En face, sur TF1, la série « Interpol » dépasse les 4,7 millions de personnes. Trois mois plus tard, la frontiste est créditée de 6 millions de téléspectateurs sur TF1. Une forte audience, mais qui s’inscrit alors dans « Parole directe », à 20 h 20, prolongeant un JT dont l’audience ordinaire est équivalente. François Bayrou, en décembre chez Pujadas, est balayé avec 2,5 millions de personnes.

Année 2012, année présidentielle. En janvier, Jean-Luc Mélenchon (seul) s’adresse à 3,2 millions de téléspectateurs dans « Des paroles et des actes ». En février, ils sont cinq millions à suivre Marine Le Pen. Encore un carton. Ce jour-là, elle fait face à Mélenchon pour un débat spectacularisé. Carton idem quelques jours plus tard, sur TF1, dans « Parole de candidat », dans un autre duo… avec Mélenchon (écrasant le duo Bayrou/Joly, à 2,2 millions). Le Pen, la seule que son parti envoie dans les grandes émissions (les autres se contentant des deuxième ou troisième parties de soirée), attire assurément, mais elle n’est pas la seule. Dans cette période électorale, sur Canal +, chez Anne-Sophie Lapix, elle frôle les 800 000 téléspectateurs, quand Olivier Besancenot en capte plus d’1,2 million. Année 2013. Hors campagne électorale, donc. Successivement dans « Des paroles et des actes », Fillon, Montebourg ou Juppé atteignent pareillement 2,3 millions de téléspectateurs, contre 3 millions pour Ayrault, 2,9 pour Valls, 2 millions seulement pour Taubira. De son côté, en février, Marine Le Pen plafonne à 2,6 millions de téléspectateurs, loin derrière, ce même soir, la série « RIS, police scientifique », sur TF1, avec ses 5,9 millions de téléspectateurs. C’est surtout deux fois moins qu’un an auparavant. Et en avril dernier, dans un nouveau numéro de « Des Paroles et des actes », Mélenchon est suivi par 3 millions de téléspectateurs. Marine Le Pen est une bête médiatique, pas encore la reine des audiences.