Y a rien à débattre !

Le conseil national du PS qui s’est tenu samedi s’est contenté d’avaliser les listes européennes, âprement négociées entre courants, en l’absence des ministres du gouvernement.

Michel Soudais  • 21 novembre 2013 abonné·es

Commencé avec quarante minutes de retard, le conseil national du Parti socialiste s’est achevé avec vingt minutes d’avance sur l’horaire prévu. Rarement cette instance aura autant usurpé son surnom de « parlement du PS ». En deux petites heures et trente minutes, les rares présents ont approuvé la composition des listes que le parti présentera aux élections européennes, donné quitus au bureau national pour l’investiture des têtes de liste aux municipales, souscrit à la création d’une section à Wallis et Futuna, et ratifié la nomination des neuf membres de la haute autorité du parti, une nouvelle structure chargée de veiller au respect de la charte éthique dont le PS s’est dotée à Toulouse. Mais des mauvais chiffres économiques, des doutes sur le cap politique suivi, ou de la fiscalité, il n’a pas été question. Les jours précédents, on avait pourtant entendu un député, Malek Boutih, demander le remplacement de Jean-Marc Ayrault. Tandis qu’Anne Hidalgo pressait François Hollande de remanier le gouvernement et Patrick Menucci souhaitait y voir entrer des « poids lourds » comme Martine Aubry ou Bertrand Delanoë.

Sur la hausse de la TVA prévue au 1er janvier, quelques élus et cadres du parti étaient montés au créneau pour demander son annulation. C’est le cas de Laurent Baumel, qui réclame depuis plusieurs mois une autre politique fiscale. Ce député d’Indre-et Loire, ancien strauss-kahnien, a créé la Gauche populaire. Il se dit « très inquiet » d’une extension de la contestation multiforme qu’une lecture « rassurante » présente à tort, selon lui, comme « des mouvements régionaux, catégoriels ou politisés ». « La hausse de la TVA au 1er janvier peut être ce catalyseur qui coagule toutes les contestations car elle touche tout le monde et elle prolonge cette idée de “folie fiscale” », avertit-il. « La TVA n’est pas un bon impôt », a aussi déclaré François Marc sur Public Sénat, le 13 novembre. Ce sénateur PS du Finistère, « plutôt favorable à ce qu’on sollicite la fiscalité progressive » au lieu de cet « impôt injuste  [qui] accroît l’injustice entre les citoyens », exprimait certes « son point de vue » quand le rapporteur de la commission des Finances, qu’il est également, défend les motivations du gouvernement dans le débat budgétaire au Sénat. N’empêche, ses réserves sont révélatrices du malaise de nombreux parlementaires à l’évocation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : « Nous faisons un peu  [de TVA sociale] parce qu’il faut bien financer cet allégement de charges des entreprises. Mais, pour ma part, je suis très réservé quant à augmenter la TVA, quel que soit le taux d’ailleurs. » De cela, il n’aura pas été question un seul instant dans un conseil national déserté par tous les ministres, y compris Vincent Peillon, unique membre du gouvernement à se porter candidat aux élections européennes dans le Sud-Est, où il conduira la liste. Le seul débat, et il s’en est fallu de peu que la présidente de séance ne l’empêche en passant prématurément au vote, aura porté sur la composition des listes. Les fédérations du grand Sud-Ouest ont protesté contre la décision de céder la tête de liste à une candidate du PRG, à ce jour non-désignée. Un représentant des Bouches-du-Rhône a regretté qu’aucun candidat de Paca ne figure en position éligible sur la liste Sud-Est, etc.

Longuement négociées par les chefs de courant jusqu’au petit matin, les listes interrégionales ont été approuvées, après une présentation orale des nominés, par 103 voix pour, 27 contre et 6 abstentions. Soit 136 votants sur 306 membres ! Parmi les sortants éliminés, deux députés du courant Hamon : Liêm Hoang-Ngoc et Françoise Castex, qui déplore, dans un entretien à Politis.fr, que « le travail accompli compte pour rien ». Son courant lui a préféré Guillaume Balas ; le président du groupe PS au conseil régional d’Île-de-France sera troisième de liste dans la région capitale derrière Harlem Désir. Maintenant la gauche obtient une place éligible pour Emmanuel Maurel (deuxième dans l’Ouest). Si les sièges d’eurodéputés sont aussi disputés, c’est parce que dans ses prévisions le PS table sur 14 à 15 élus, pas plus, dont deux « d’ouverture ». Autant qu’en 2009, mais moitié moins qu’en 2004 (31 élus).

Politique
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