Courbe du chômage : vous avez dit inversion ?

Ce devait être le chantier de l’année. Dès le 9 septembre 2012, sur TF1, François Hollande faisait de l’inversion de « la courbe du chômage d’ici un an » le juge de paix de son action. Un objectif régulièrement martelé depuis et dont l’échéance a été repoussée à fin 2013, lors des vœux du Président aux Français le 31 décembre. À l’expiration de ce délai, le bilan est des plus mauvais.

Commencée en avril 2011, la hausse du chômage n’a pas connu de répit. La baisse du nombre d’inscrits à Pôle emploi enregistrée en août était due à un bug de l’opérateur de téléphonie SFR. Et celle des chômeurs de catégorie A s’explique par le calendrier tardif des vendanges. Si le nombre de demandeurs d’emploi n’ayant exercé aucune activité a diminué de 0,6 %, celui de ceux qui ont travaillé moins de 78 heures dans le mois (catégorie B) ou plus (catégorie C) a augmenté de 1 %. Difficile d’interpréter ces chiffres comme l’amorce d’une inversion de tendance. D’autant que les annonces de fermetures d’entreprises ne connaissent pas de répit.

La Coface (société d’assurance) a enregistré 62 500 défaillances d’entreprises, contre 60 500 en 2012. Après trois années de baisse, le nombre de plans sociaux est reparti à la hausse. De janvier à octobre, la Dares, l’organisme statistique du ministère du Travail, a recensé 831 plans de sauvegarde pour l’emploi (PSE). Un chiffre en hausse de 14 % par rapport à la même période en 2012. Fin décembre, selon les projections, on devrait dépasser les 1 000 plans sociaux.

À défaut d’inverser la courbe du chômage, le gouvernement en est réduit à se féliciter d’un « ralentissement du chômage » et d’une « décélération des destructions d’emploi ». Signe de l’ampleur de la déception de ses électeurs, pour qui l’emploi reste la préoccupation numéro un, François Hollande termine l’année avec une cote de confiance sous la barre des 25 %. Un record d’impopularité sous la Ve République, dont on ne perçoit pas non plus la fin.