Fralib : Boycott pour une alternative
La future coopérative entend respecter l’environnement, développer les productions locales et placer Unilever face à ses responsabilités.
dans l’hebdo N° 1280 Acheter ce numéro
En lançant, le 7 décembre, une journée nationale de boycott des marques d’Unilever [^2], les salariés de Fralib veulent montrer que leur lutte sans relâche contre le géant de l’agroalimentaire peut trouver une issue favorable pour la relance d’une filière de conditionnement de produits naturels et bio pour les infusions et le thé. Les « fralibiens » travaillent depuis trois ans à un projet alternatif de coopérative et à la sauvegarde de l’emploi sur le site de Gémenos (Bouches-du-Rhône). La coopérative (Scop) veut reprendre l’activité « avec la volonté de respecter l’environnement et les consommateurs, et de développer les productions locales et nationales ». Le projet prévoit « de revenir à une aromatisation naturelle, à un approvisionnement en produits issus des filières courtes auprès des producteurs ou groupements de producteurs locaux, et de recréer des partenariats permanents avec les producteurs en Provence ». Cette alternative industrielle a été validée par plusieurs études d’experts, elle est également soutenue par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Communauté urbaine de Marseille et la Communauté d’agglomération d’Aubagne.
Le groupe Unilever a cependant « tout mis en œuvre pour plomber l’usine de Gémenos et délocaliser la production de la marque Éléphant en Pologne, marque pourtant vendue exclusivement en France. La direction a présenté trois procédures visant à fermer le site, et les plans de sauvegarde de l’emploi [PSE] ont été annulés trois fois par la justice française ! », souligne l’appel du comité de soutien et de lutte. Le 22 octobre, le juge de l’exécution du tribunal de grande instance de Nanterre a ainsi condamné Unilever à verser une astreinte de 3 000 euros par jour (10 000 euros après quinze jours) au comité d’entreprise de Fralib en cas de refus d’appliquer la décision du tribunal. Les Fralib insistent sur la responsabilité de la multinationale, qui a démantelé dans les années 2000 les sites de l’entreprise : « Le groupe Unilever doit assumer ses responsabilités, notamment en cédant la marque Éléphant et des volumes de production, permettant une véritable relance de l’activité industrielle », revendiquent les fralibiens. Or, « Unilever a cessé de payer les salaires depuis le 1er avril 2013 et refuse d’apporter l’aide qui relève de sa responsabilité économique et sociale envers la nation pour lancer le démarrage de la Scop et pérenniser son activité ». La multinationale se refuse pour l’instant à participer à la revitalisation de la région et à la relance de l’activité de Fralib.
[^2]: voir http://cgt.fralibvivra.over-blog.com