Journaux gratuits : L’information low cost
Quelle idéologie véhiculent des journaux entièrement voués à la publicité ? Quelles habitudes de lecture produisent-ils ? Nous avons posé ces questions à un historien des médias, à des étudiants lecteurs de gratuits et au directeur de la rédaction de l’un de ces titres.
dans l’hebdo N° 1281 Acheter ce numéro
Dans nos villes, les transports en commun connaissent cinq catégories de voyageurs : ceux qui lisent un livre (minoritaires), ceux qui ont le regard dans le vague, ceux qui psalmodient au rythme de la musique que déverse leur baladeur, ceux qui pianotent sur leur Smartphone et ceux qui lisent un bon vieux journal en papier. Bien sûr, il y en a d’autres. Quelques-uns se font la conversation, certains téléphonent et tiennent généreusement au courant le voisinage des tourments de leur vie privée. Mais c’est la tribu des lecteurs de journaux qui nous intéresse ici. Menacés d’extinction il y a seulement une dizaine d’années, ils ont repris du poil de la bête.
Regain de passion pour l’actualité ? Retour massif d’une conscience citoyenne ? Pas sûr ! Car nos « affamés » d’information ont le plus souvent entre les mains des prospectus gavés de publicité : les gratuits. Des journaux dans lesquels les articles de presse servent surtout de prétexte. Ils sont (nous sommes) des millions chaque jour à lire les gratuits pendant « vingt minutes » puisque c’est, paraît-il, la durée moyenne d’un aller simple dans les transports en commun. On ne peut ignorer un tel fait de société. Au même titre qu’Internet ou les chaînes d’information en continu, les gratuits formatent notre vision du monde. Nous nous sommes donc interrogés : quelle idéologie véhiculent des journaux entièrement voués à la publicité ? Quelles habitudes de lecture produisent-ils ?
Nous avons posé ces questions à un historien des médias, à des étudiants lecteurs de gratuits et au directeur de la rédaction de l’un de ces titres. Et nous nous sommes penchés sur le traitement de quelques informations par les trois gratuits parisiens : 20 Minutes, Metronews et Direct matin. Au total, on verra que ce n’est peut-être pas tant ce qui est « dit » dans ces journaux qui est problématique que le conditionnement du lecteur réduit à l’état de consommateur au moment où il se voudrait plutôt citoyen.
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