La majorité déjà en difficulté

Si les écologistes se sont largement mis d’accord pour désigner leurs têtes de liste aux élections européennes, la direction a été battue à deux reprises lors du conseil fédéral.

Patrick Piro  • 19 décembre 2013 abonné·es

Un consensus à plus de 81 % : la désignation des têtes de liste d’Europe Écologie-Les Verts par les délégués du conseil fédéral, en fin de semaine dernière, a pris des allures de rassemblement général après la très courte majorité (51 %) sortie des urnes lors du congrès de Caen, fin novembre. Conduiront les listes : Sandrine Bélier (Est), Pascal Durand (Île-de-France), Karima Delli (Nord-Ouest), Yannick Jadot (Ouest), Michèle Rivasi (Sud-Est), José Bové (Sud-Ouest) – tous en position éligible, tout comme les seconds Eva Joly (Île-de-France) et Karim Zéribi (Sud-Est) –, avec Clarisse Heusquin (Centre) et Yvette Duchemann (Outre-Mer), peu susceptibles d’être élues.

Cependant, le vote des délégués traduit bien plus le respect des équilibres internes – le meilleur compromis possible – qu’une mise en bon ordre de marche avant les joutes électorales de 2014. Car, deux semaines seulement après l’élection d’Emmanuelle Cosse au secrétariat national, la direction du parti, tenue par les amis de Cécile Duflot, a été battue à deux reprises lors du conseil fédéral, ce qui augure de difficultés récurrentes pour les mois à venir. En effet, c’est la « gauche » du parti, légèrement minoritaire après le congrès de Caen, qui a obtenu la présidence de la commission permanente électorale (CPE), chargée de proposer des scénarios pour la désignation des têtes de liste aux élections européennes de mai prochain. En respectant plusieurs critères, dont la parité des genres pour les positions éligibles, la hiérarchie des motions présentées au congrès, ainsi qu’un vote indicatif des militants [^2]. L’équilibre retenu par la présidence de la CPE avait surtout pour objectif de sauver la place de l’eurodéputée Karima Delli (motion LMP, minorité) dans le Nord, et de régler les cas de José Bové et de Michèle Rivasi. Les militants avaient placé José Bové après Catherine Grèze (motion Puce, majorité) dans l’euro-région Sud-Ouest. Cependant, il aurait été incompréhensible que l’eurodéputé, actuellement en lice dans une primaire écologiste continentale pour le porte-parolat des partis verts de l’Union lors des européennes ^3, risque de perdre son mandat de député à Strasbourg. Dans le Sud-Est, la place de Michèle Rivasi était revendiquée par Karim Zéribi, dont la motion Via ecologica a permis, par son ralliement à Puce, de déterminer la courte majorité de Caen. « Nous allons déposer un recours en interne », pestait le sénateur Jean Desessard, l’un des meneurs de Via ecologica, s’appuyant sur un point du règlement.

Cependant, l’origine de la friction est plus politique que procédurier : Via ecologica, qui s’est fait promettre un rééquilibrage dans l’exercice du pouvoir au sein d’EELV, teste son partenaire. Faut-il y voir une autre explication alors que la direction a de nouveau été battue sur un vote très important ? Et passé inaperçu : le conseil fédéral a décidé à plus de 60 %, dimanche dernier, de ne pas soutenir le budget 2014 du gouvernement dans son état actuel. « Traduction : EELV n’a plus de majorité ! », commente Élise Lowy (LMP).

[^2]: Voir Politis des 28 novembre et 5 décembre.

Politique
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