« Pater noster », d’Étienne Mbappé : Sage africain

Pater noster , d’Étienne Mbappé, superbe voyage.

Christophe Kantcheff  • 12 décembre 2013 abonné·es

U ne main de feu dans un gant de soie : c’est l’expression qui vient à l’esprit quand on entend cet extraordinaire bassiste qu’est Étienne Mbappé, l’un des plus grands de sa génération, et qui joue, effectivement, avec de fins gants noirs. Partenaire de Salif Keita, de Manu Dibango, de Ray Lema et de Mayra Andrade, membre du Joe Zawinul Syndicate et, actuellement, du quartet de John McLaughlin, Étienne Mbappé signe également des albums très personnels, tel ce Pater noster. Comme sur Misiya (2004) et Su la Také (2008), le musicien puise dans ses origines camerounaises – et écrit ses paroles en douala, un choix courageux eu égard aux médias – pour accomplir ses voyages musicaux.

Dans ses compositions, le bassiste allie rythmes chaloupés et jazz fusion, musiques traditionnelles et guitare rock. On entend aussi, ça et là, des sons antillais ou brésiliens, entre autres. Ça balance sur tous les temps et tous les tons, sans perdre en fluidité, la voix aérienne d’Étienne Mbappé ajoutant à la subtilité des lignes mélodiques. Pater noster développe aussi des touches mélancoliques, comme le superbe morceau éponyme, dédié à la mémoire de la mère du musicien. Splendidement épaulé par Nicolas Viccaro à la batterie, Clément Janinet au violon, Cédric Baud aux guitares et par la vocaliste Cate Petit, Étienne Mbappé fait preuve de la sérénité du sage qui sait à la fois enflammer et enjôler son auditeur. Voilà un Pater noster qui est tout le contraire d’une pénitence…

Musique
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