Pêche : la parole à la défense
Après la pétition de Bloom, un collectif soutient les pêcheurs de grands fonds. Explications de son secrétaire, Alain Le Sann.
dans l’hebdo N° 1280 Acheter ce numéro
Décidément, le succès de la pétition de Bloom n’en finit pas de faire des vagues. La semaine dernière, Politis rendait compte du buzz suscité par ce texte demandant l’interdiction de la pêche en eaux profondes et des différents enjeux liés. Aujourd’hui, Alain Le Sann, secrétaire de Pêche et développement, explique pourquoi son collectif, tout en se défendant d’être acquis à la cause de la pêche industrielle, a choisi de soutenir les pêcheurs des grands fonds : « Ce sont deux pêches complémentaires. Si on interdit la pêche des grands fonds, les pêcheurs vont se replier sur les zones où la pêche artisanale se réalise. Ils vont alors empiéter sur ce qu’il reste de la petite pêche. »
Alain Le Sann est pourtant loin d’être un fervent défenseur de la pêche profonde. Il a longtemps exprimé son scepticisme. Mais, aujourd’hui, « les pratiques ont évolué, affirme-t-il. Bien sûr, il ne faut pas reproduire les erreurs commises dans les années 1980. Mais la pêche en eaux profondes est désormais encadrée, elle se fait sur des zones très réduites. Les arguments avancés par Bloom ont pu être vrais à une époque, mais la situation a changé ». Il se dit « désespéré et révolté » par cette « manipulation de l’opinion et le mépris affiché des pêcheurs ». Il défend même la Scapêche (l’armateur d’Intermarché) : « Quand ils sont arrivés après Pescanova [géant espagnol du poisson surgelé, NDLR], c’était un désastre et ils ont dû redresser la situation, perdant de l’argent pendant plusieurs années. » Cette histoire, dit Alain Le Sann, lui rappelle la campagne menée par Greenpeace et le WWF dans les années 1990 contre les filets dérivants. « C’était la même méthode de désinformation. Le résultat, c’est qu’on a tué les pêcheurs, des hommes honnêtes aimant leur boulot. Et tout ça pour une position idéologique avec une méconnaissance des réalités du terrain. » *Si, aujourd’hui, Alain Le Sann** prend la parole [^2], c’est qu’il estime que *« personne n’ose vraiment répondre à Bloom. Ils ont mis en place une telle campagne de communication que personne ne veut montrer son opposition, de peur d’avoir une mauvaise image, de passer pour quelqu’un qui n’en a rien à faire de l’environnement. Même les politiques, à Lorient, tentent d’éviter le sujet. »
[^2]: Vous pouvez lire sa tribune, très détaillée, sur politis.fr