Pour une droitisation de Denis Sieffert
Le boss ne fait aucun effort : il ne fabrique pas du tout d’avions de guerre.
dans l’hebdo N° 1282-1284 Acheter ce numéro
J’allais pour te parler , après avoir lu ce qu’il narra [^2] dans le Politis de la semaine dernière, de Guy Bedos, qui juge que Méluche est un peu outrancier dans ses adresses aux nanti(e)s, parce que bon, faudrait pas non plus les braquer, hein, ces braves gens. J’allais donc pour te dire combien cette considération m’avait navré – mais voilà que je tombe sur le très joli tableau qui vient d’être mis en ligne sur le site du ministère de la Culture and [^3] de la Communication [^4], et qui récapitule les montants précis des subventions d’État consenties l’année dernière (en 2012, donc, ça serait bien que tu suives) aux deux cents journaux et magazines « les plus aidés » de notre paysage presseux français. Et tu sais quoi ? Politis n’y est pas. On y trouve plein de publications improbables – du style Revenu, l’hebdo conseil de la Bourse, qui prend 394 680 euros par an – mais pas Politis.
Il est vrai : le boss – Denis Sieffert – ne fait aucun effort. D’une : il ne fabrique pas du tout d’avions de guerre – comme fait Serge Dassault, de l’UMP, propriétaire du Figaro. Résultat : le Figaro s’est gavé de 18,2 millions d’euros d’aides publiques [^5] – alors que Politis, non (AQ P, N). De deux : il ne refait pas toutes les semaines le même édito pour bramer qu’il serait temps qu’on réduise la dépense publique, comme fait le patron du Point – le burlesquissime Franz-Olivier Giesbert. Résultat : le Point s’est gavé de 4,8 millions d’euros de dépense publique, AQ P, N. De trois : il ne farcit pas son hebdo de dizaines de pages de pubs de luxe – comme font la plupart de ses homologues. Résultat : l’Express s’est gavé de 7,2 millions, AQ P, N. De quatre : il ne passe pas son temps à gueuler qu’il faut protéger la laïcité contre les assauts de flippant(e)s musulman(e) s, comme fait coutumièrement l’éditocratie – mais il évite aussi de faire de trop pesants éloges de la religion catholique. Résultat : Prions en Église a reçu 377 531 euros [^6], AQ P, N. De cinq : il n’est pas d’extrême droite. Résultat : Présent a perçu 386 821 euros, AQ P, N.
Je voudrais donc lancer ici, au nom de la rédaction de Politis, un appel un peu solennel à Denis Sieffert, pour lui demander de se plier enfin aux quelques obligations qui nous permettront de nous gaver comme les journaleux de Valeurs actuelles (950 590 euros d’aides) – et pour qu’il comprenne enfin que le meilleur moyen d’obtenir le soutien de l’État « socialiste » est manifestement de mettre le cap à droite, toute.
[^2]: Notus-tu comme je jonglâtes avec les conjugaisons ?
[^3]: Message privé : tout va, Robert ?
[^4]: Ce document, dont la lecture est de salubrité publique, est très soigneusement dissimulé dans un retiré recoin du site en question, de sorte que sa recherche peut s’avérer un peu difficultueuse, dans le genre mais p***** de b***** de m****, où est-ce qu’ils l’ont planqué ? Pour t’éviter de t’énerver, je te file un raccourci – ne me remercie pas, j’aime te faciliter la vie : www.culturecommunication.gouv.fr/Espace-Presse/Communiques-de-presse/Aurelie-Filippetti-ministre-de-la-Culture-et-de-la-Communication-annonce-la-publication-des-donnees-de-soutien-public-a-la-presse-ecrite/(language)/fre-FR
[^5]: Soit : 5,1 millions d’aide « postale », 10,2 millions d’aides « aux tiers », et 3,2 millions d’« aides directes ».
[^6]: Je te jure que je n’invente rien.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don