Dieudonné, Soral : une haine qui fait recette
Dieudonné et Alain Soral, un « intellectuel » qui ne dit rien d’intelligent et un « comique » qui ne plaisante pas. Bref, une grosse arnaque.
dans l’hebdo N° 1285 Acheter ce numéro
Interdire ou non les spectacles de Dieudonné ? En optant pour l’interdiction, Manuel Valls choisit la manière forte – et la démagogie – mais prend la mauvaise décision. Non seulement le ministre de l’Intérieur donne ainsi du grain à moudre aux conspirationnistes que sont Dieudonné et son éminence grise, Alain Soral – qui bénéficie lui aussi d’une incroyable audience –, mais la dénonciation publique des deux acolytes agit comme une caisse de résonance, « l’humoriste » bénéficiant aujourd’hui d’une publicité inespérée.
Plutôt qu’interdire, n’aurait-il pas mieux valu, au contraire, libérer la parole ? On ne parle pas, bien sûr, des saillies antisémites des deux acolytes. Mais de la parole confisquée des pro-Palestiniens qui peinent aujourd’hui à faire entendre un discours critique sur Israël sans être immédiatement taxés d’antisémitisme. Il faudrait écouter aussi celle des musulmans qui subissent un racisme d’État ou celle des jeunes déclassés. Loin d’être tous antisémites, ceux-là trouvent dans les discours de Soral et de Dieudonné un odieux défouloir à une colère pourtant légitime.
Plutôt qu’interdire, il aurait aussi sans doute suffi de continuer à appliquer la loi. De condamner au cas par cas les propos racistes, sexistes et homophobes de Soral et de Dieudonné. D’attaquer au porte-monnaie ceux qui ont fait de la haine un business rentable. Alors que Dieudonné joue à guichets fermés et que les livres de Soral se vendent comme des petits pains, le premier a organisé son insolvabilité pour éviter de payer ses amendes lorsqu’il est condamné pour incitation à la haine raciale, et le second fait appel aux dons de ses admirateurs pour régler ses démêlés avec la justice. Reste enfin à détricoter, de manière froide et dépassionnée, le discours d’un « intellectuel » qui ne dit rien d’intelligent et d’un « comique » qui ne plaisante pas. Bref, de rappeler simplement ce qu’ils sont : une grosse arnaque.
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