En défense des éléphants

Chaque année, des dizaines de milliers de pachydermes sont victimes de braconnage. Plusieurs États agissent enfin pour les protéger.

Florence Tricoire  • 16 janvier 2014 abonné·es

Pas moins de 30 000 à 50 000 éléphants sont tués chaque année pour alimenter le trafic d’ivoire. Et les massacres à grande échelle sont même devenus légion. Début 2012, c’est le cas dans le parc Boubandjida, au Cameroun, qui voit plus de la moitié de sa population d’éléphants (au moins 650 individus) décimée en quelques semaines par des braconniers. En octobre dernier, une autre tuerie encore dans le parc protégé de Hwange, au Zimbabwe : 300 pachydermes sont empoisonnés au cyanure. En réaction à cette accélération des hécatombes, plusieurs États ont décidé d’agir. En novembre, les États-Unis ont détruit six tonnes d’ivoire illégal. Début janvier, la Chine, le plus grand marché de l’ivoire illégal, a fait de même. Dans ce pays, les cadeaux en « or blanc » sont offerts pour de grandes occasions. Cette coutume est favorisée par le maintien d’un marché intérieur légal de l’ivoire, qui représente environ 10 tonnes par an. Un commerce qui permettrait de « blanchir » de l’ivoire illégal, mais « devrait être fermé », selon Céline Sissler-Bienvenu, directrice de l’IFAW France, le Fonds international pour la protection des animaux. En décembre, la France a pris part à cet élan de fermeté à l’égard du trafic, annonçant qu’à son tour elle détruirait ses stocks et sanctionnerait plus fermement les trafiquants. « Les gouvernants ont pris conscience du problème politique, et pas seulement environnemental, du trafic d’ivoire, aux mains de réseaux militarisés, professionnels et parfois liés à des groupes terroristes  », analyse Céline Sissler-Bienvenu.

En trente ans, la population des éléphants sur le continent africain a été réduite de moitié : aujourd’hui, ils ne sont plus qu’entre 400 000 et 500 000. Quant à leurs cousins d’Asie, il en resterait 30 000 à 45 000. Des chiffres exceptionnellement bas, dus au braconnage mais aussi à la destruction de la forêt. D’après l’IFAW, si la situation perdure, 20 % des pachydermes du continent africain auront disparu d’ici à dix ans.

Véritable richesse touristique, notamment au travers des safaris et de l’écotourisme, «   le pachyderme a aussi un rôle important dans la biodiversité, explique Pierre-Michel Forget, professeur au Muséum d’histoire naturelle. Il permet de créer des ouvertures dans la forêt. Sans elles, certaines plantes ne peuvent pas pousser. Et puis il dissémine les graines des fruits qu’il consomme en grandes quantités   ». Seules la coopération entre les États et la persistance dans une politique de fermeté pourront sauver les éléphants de l’amplification exponentielle des massacres. En 2013, plus de 41 tonnes d’ivoire étaient saisies. La plus grande quantité enregistrée en vingt-cinq ans.

Écologie
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