Et puis l’ami d’Alain…
Nous n’aurons garde d’oublier ce dimanche où ce copain d’Alain s’est avoisiné avec des porcs fascistes.
dans l’hebdo N° 1288 Acheter ce numéro
Ce dimanche, donc, les fafferies françaises, toutes chapelles confondues, ont défilé dans Paris – forçant notamment l’admiration de Frau Boutin, qui a salué dans ses tweets une « forte mobilisation » et souhaité qu’elle soit, « la prochaine fois », plus importante encore. Sous des croix celtiques (liste non exhaustive), cette camarilla – mélangée, il va de soi, du ban et de l’arrière-ban des ultras de l’islamophobie – a notamment grogné, dans des chœurs d’où montait la même infecte puanteur qu’exhalaient dans les années 1930 les rues de Nüremberg : « Juif, la France n’est pas à toi ! » Ou : « Francs-maçons, pendaison ! »
Ce fut si dégueulasse que même Ivan Rioufol, prédicateur d’extrême droite chez le Figaro (de Serge Dassault, de l’UMP), qui a pourtant montré, dans le passé – quand ils organisaient, contre ce qu’ils appellent, rongés de paranoïa, une « islamisation », des apéritifs à base de produits porcins –, qu’il s’accommodait plutôt bien du folklore de certains roides gardiens de « l’identité » française, a dû, là, convenir le lundi que ce qui s’était passé la veille avait « dévoilé la face hideuse d’une France fascistoïde ».
L’imprécateur figarique, toujours très précautionneux dans ce qu’il croit être de l’ « anticonformisme », s’est cependant gardé de relever qu’il y avait, dans ce répugnant rassemblement, un prosateur qu’il ne hait point, et qui avait, point complètement rebuté par la proximité de néonazis patentés, préparé, pour l’occasion, une courte mais dense « allocution », à la fin de dire, plein d’une gluante componction – c’est, chez ce personnage, une manie ancienne –, « le désespoir, la fureur contenue, le grand refus, le grand NON d’un peuple et d’une civilisation en proie au Grand Remplacement » de ses populations souchiennes par des hordes étrangères. Il s’agissait – peut-être l’auras-tu reconnu à cette (très) courte mais inimitable logorrhée – de Renaud Camus : le même auteur qui, en l’an 2000, déplorait (déjà) qu’il y eût dans une certaine émission de France Culture tant de « collaborateurs juifs », et qui se trouve être – c’est à cela que je voulais ici en arriver – un bon ami du fameux philosophe de (et pour) télévision Alain Finkielkraut : le gars, tu sais, qui, toujours très agité, court de chez Giesbert à chez Copé (où il s’est tout récemment produit, drapé, suppose-t-on, dans une farouche indépendance) pour déclamer des divagations identitaires. Puisqu’en effet, depuis le début du siècle, Finkielkraut, sédimenté dans ses fustigations obsessionnelles de « l’antiracisme » – unique objet, ou peu s’en faut, de son ressentiment –, va répétant que ce Camus est « un écrivain rare et précieux ».
Et, quant à nous, nous n’aurons garde d’oublier ce dimanche où ce copain d’Alain s’est avoisiné avec des porcs fascistes qui vomissaient leur haine des juifs, des « pédés » et des francs-maçons. Ça nous resservira, je crois, la prochaine fois que ce philosophe voudra nous dispenser, depuis chez Giesbert ou Copé, l’une, encore, de ses imbuvables leçons de maintien.
Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.