Le fascisme en acte

Le 18 janvier à Clermont-Ferrand, un homme a tiré dans la foule lors d’un concert de soutien à des jeunes étrangères expulsées.

Ingrid Merckx  • 23 janvier 2014 abonné·es

Il était près de 23 heures, le 18 janvier. Le concert de soutien à deux jeunes Arméniennes expulsées mi-novembre, organisé par RESF et RUSF (Réseau universités sans frontières), battait son plein quand, à l’hôtel de ville de Clermont-Ferrand, un homme sortant d’une voiture armé d’un fusil au canon scié a tiré huit coups de feu sur les militants qui assuraient la sécurité. Deux personnes ont été blessées, dont l’une pourrait ne pas retrouver l’usage de sa main.

Âgé de 21 ans, l’agresseur, Kevin Pioche, serait un militant d’extrême droite n’appartenant à aucune bande active identifiée comme telle, sinon un groupe « looké skinhead et tatoué de croix celtiques et croix gammées » résidant dans une commune limitrophe, relate un membre de Solidaires étudiants. Sur sa page facebook, Kevin Pioche précise travailler à « World of Skinhead », et on le verrait faire le salut nazi. Présenté en comparution immédiate le 20 janvier, il a écopé de deux ans de prison ferme pour « violences volontaires avec arme ». « Mais le procureur avait requis quatre ans », précise l’avocat des victimes, Me Borie, qui voit dans cette agression « le discours fasciste mis en acte ». « Des violences avec de tels mobiles politiques dans cette ville, selon Me Borie, c’est du jamais vu ! » Kevin Pioche était réputé le plus dangereux du groupe, les sans-papiers et leurs soutiens ne redoutent donc pas une flambée de violences à la suite de son arrestation. Mais, du fait de son passage en comparution immédiate, il pourrait ne pas y avoir davantage d’investigation autour de sa mouvance, « alors que l’immatriculation du véhicule a été relevée », précise l’avocat. Probablement connu des services de police, Kevin Pioche se serait déjà rendu coupable d’insultes et de violences, notamment d’une agression physique contre un militant antifasciste le 30 novembre dernier. Mais celui-ci n’avait pas porté plainte. Il n’en reste pas moins que cette agression avec arme « marque le passage d’un cap en termes de violence », selon Solidaires. « Son avocat a déclaré qu’il ne fallait pas juger son client sur ses opinions. Mais il s’agit là de violences, pas d’opinions ! », s’offusque Me Borie. Kevin Pioche aurait prétendu qu’il s’était disputé avec des personnes devant la salle de concert. Ce que personne n’a confirmé. Il s’était tout de même déplacé sur les lieux avec une arme…

Société
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