Le JT augmenté

Avec son « 64’ », TV5 monde propose un journal à contre-courant, soucieux de décryptage.

Jean-Claude Renard  • 16 janvier 2014 abonné·es

Le 6 janvier, la mort d’Eusebio, figure historique du football portugais, a été relayée par tous les journaux télévisés. Ce même jour, la disparition de Mustapha Zitouni n’a pas eu le même écho, passant quasi inaperçue. Zitouni était l’ancien défenseur central de l’équipe de France, fuyant le sol français en 1958 avec onze autres joueurs algériens pour former l’équipe du FLN. C’est ce qu’a rappelé précisément le JT de TV5 Monde, baptisé « 64’ ».

Un journal inauguré fin octobre sur la chaîne et qui dure donc soixante-quatre minutes, au quotidien, de 18 h à 19 h 04, au sein d’une chaîne généraliste, partagée entre fictions, documentaires, séries, programmes éducatifs et beaucoup d’information, puisque sont repris les JT de France 2, des télévisions belge, suisse et canadienne – sans être une chaîne tout-info. Ce jour-là, l’actu du « 64’ » portait notamment sur la colère des clandestins africains en Israël, la libération d’un journaliste turc otage des jihadistes en Syrie et la présence des journalistes dans ce pays, avec son prix à payer, la constitution tunisienne rejetant la charia, le froid polaire aux États-Unis, l’offensive irakienne à Fallouja et, en guise d’invité, le patron de McDonald’s France, dérouillant sous les questions de Patrick Simonin sur la malbouffe… Soit un journal résolument tourné vers l’international, à contre-courant de ce que propose le petit écran, avec une offre éditoriale conséquente, un autre rythme, une durée plus longue. Pour Pascal Guimier, directeur de la rédaction, ce format offre l’avantage « de donner plus d’informations au public, avec un regard francophone, une partie où l’on peut apporter des clés de compréhension, de décryptage, proposer différents formats, en direct ou préenregistrés pour l’économie et la culture. Il permet d’avoir un invité durant huit minutes sur le plateau, ce qui est inusité pour une chaîne généraliste, associée aux télévisions publiques, qui ont en commun le français, certes, mais aussi des valeurs humanistes, de laïcité, de tolérance » .

La durée de ce journal pose également la question de la hiérarchisation de l’information. On l’observe au fil des jours, ce « 64’ » ne met pas à la une le plus urgent, et surtout pas le plus spectaculaire, « mais le plus signifiant, poursuit Pascal Guimier, avec un regard multilatéral, non pas un regard parisien sur le monde, ni celui du Quai d’Orsay, mais indépendant ». Un regard reçu par plus de 240 millions de foyers à travers le monde, volontairement connectés, « à qui l’on essaye d’expliquer modestement, humblement le monde, avec nos lunettes francophones », ponctue Pascal Guimier. Allons-y sans ambages.

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