PCF : chacun fait ce qu’il lui plaît…

La liberté de choix des adhérents est inscrite dans les statuts du PCF. Ce qui ne facilite pas la lisibilité de ses orientations.

Michel Soudais  • 30 janvier 2014 abonné·es

Depuis une bonne dizaine d’années, le PCF a mis « la souveraineté » de ses adhérents au cœur de ses statuts. Ils « l’exercent et l’organisent tant personnellement que collectivement dans toutes leurs activités », stipule le texte, qui consacre « une entière liberté de choix ». Cette latitude accordée à tous les niveaux, qui s’est imposée en réaction à un passé plus centraliste que démocratique, ne facilite pas la lisibilité des orientations du PCF. D’autant que les élus, jadis très contrôlés par l’appareil, ont obtenu de ce dernier la reconnaissance de leur autonomie dans l’exercice de leur mandat.

Certes, les sections ont toujours la faculté de ne pas reconduire leur investiture. Les communistes de Bagnolet, une ville de 34 500 habitants aux portes de Paris, gérée par le PCF depuis 1928, ont ainsi désigné Laurent Jamet, premier adjoint de l’équipe sortante, pour conduire une liste Front de gauche, contre le maire Marc Everbecq. Mais ce type de sanction reste exceptionnel. Et les élus veillent jalousement à leur liberté. Au début de la semaine dernière, André Chassaigne en a donné une illustration. Le président du groupe Front de gauche à l’Assemblée s’est offusqué que Jean-Luc Mélenchon annonce sur France 3, le 19 janvier, que son groupe « votera contre la confiance » demandée par le gouvernement sur le pacte de responsabilité, alors que cette « décision des députés n’est pas encore actée ». Or celle-ci, a expliqué M. Chassaigne lors d’un point de presse le 21 janvier, « dépendra de la manière dont le gouvernement engagera sa confiance ». En cas de recours à l’article 49.3, il excluait de « voter une motion de censure avec la droite ». Mais il n’était pas plus affirmatif dans le cas – finalement retenu, a-t-on appris depuis – où le gouvernement choisirait d’appliquer l’article 49-1 avec une déclaration de politique générale : « Je ne sais pas encore si ce sera une abstention ou un vote contre car nous ne connaissons pas le contenu du texte. » Deux jours avant Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent avait déclaré sur France 2 que les communistes « voteront contre, bien sûr », excluant, contrairement à André Chassaigne, toute possibilité d’améliorer par voie d’amendement ce qu’il présente comme un « pacte d’irresponsabilité ». Les élus agissent indépendamment de la direction du parti, qui ignore jusqu’à leurs votes. « Nous, nous avons voté clairement contre le cumul des mandats dans les deux assemblées », annonçait fièrement Pierre Laurent, le 23 janvier sur I-télé. Si le PCF est, dans son programme, hostile au cumul des fonctions exécutives et parlementaires, ses élus le sont clairement moins. Seulement deux de ses sept députés, André Chassaigne et Marie-George Buffet, ont voté l’interdiction du cumul lors du vote final de la loi, le 21 janvier. Patrice Carvalho, député maire de Thourotte (Oise), qui s’était déjà distingué par son opposition au mariage des personnes de même sexe, a voté contre, et Jean-Jacques Candelier, député maire de Bruille-lez-Marchiennes (Nord) s’est abstenu.

Les trois derniers, Alain Bocquet (Nord), Gaby Charroux (Bouches-du-Rhône) et Nicolas Sansu (Cher) n’ont pas pris part au scrutin. Précision : ils sont tous maires de communes importantes – Saint-Amand-les-Eaux (17 000 hab.), Martigues (47 000 hab.) et Vierzon (27 000 hab.) –, voire également président d’une communauté d’agglomération ou vice-président d’un conseil général.

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