Taddeï et l’invité surprise (À flux détendu)

Quelle mouche a donc piqué Frédéric Taddeï, vendredi soir, pour interviewer Marc-Édouard Nabe ?

Christophe Kantcheff  • 16 janvier 2014 abonné·es

Quelle mouche a donc piqué Frédéric Taddeï, vendredi soir, dans son émission « Ce soir ou jamais », pour interviewer en tête-à-tête son « invité surprise »  : Marc-Édouard Nabe ? Provocateur né, réputé antisémite, écrivain lyrico-pompier, admirateur de Léon Bloy, de Bagatelles pour un massacre et des Décombres de Rebatet, qu’avait-il donc de si important à délivrer sur Dieudonné, l’auteur du Régal des vermines, lui qui avait écrit en 2008, à propos de l’« humoriste », qu’il était « solidaire de lui à 100 % »  ? Eh bien qu’il ne l’était plus, mais plus du tout, et que le pire est le complotisme, que Dieudonné sait si bien faire fructifier.

La mouche qui a piqué Taddeï est celle de l’orgueil. Accroché par Patrick Cohen, qui lui reprochait d’inviter des personnages au « cerveau malade », férus de complotisme – et Nabe faisait partie de ceux que Cohen avait cités –, Frédéric Taddeï a sans doute voulu montrer deux choses. Non seulement que son émission restait un lieu de liberté totale (au point de ressembler en effet de temps en temps à « Droit de réponse » et à son joyeux bordel), mais qu’en outre le « cerveau malade » en question – Taddeï a rappelé l’expression vendredi soir – dénonçait précisément… le complotisme !

Mais Nabe, profitant de cette tribune sans contradicteur, a aussi dénoncé ces « questions que tout le monde brasse comme dans un délire, “liberté d’expression” d’un côté, “antisémitisme” de l’autre », comme si celles-ci n’avaient plus aucun fondement face à sa nouvelle croisade anti-complotiste. Pas sûr, finalement, que l’animateur de « Ce soir ou jamais » ait fait le bon choix avec cet « invité surprise ». Même s’il a cru faire un beau geste envers son copain en mal de publicité – Nabe et lui sont amis depuis l’époque de l’Idiot international, où ils se sont rencontrés –, Frédéric Taddeï s’est aussi, en l’occurrence, tiré une balle dans le pied.

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