Fourest versus Delbo (À flux détendu)
Caroline Fourest s’en est prise à Frédéric Taddeï la semaine dernière sur France Culture en multipliant les contre-vérités.
dans l’hebdo N° 1289 Acheter ce numéro
Cela me semblait un bon sujet de chronique. J’avais suffisamment égratigné Frédéric Taddeï ici même lorsqu’il avait convié Marc-Edouard Nabe dans son émission sur Dieudonné pour mesurer les outrances de Caroline Fourest. En effet, la chroniqueuse s’en est prise à l’animateur de « Ce soir (ou jamais !) » la semaine dernière sur France Culture en multipliant les contre-vérités et en allant jusqu’à affirmer que la « neutralité », selon l’animateur, c’est « 5 minutes pour Hitler, 5 minutes pour les Juifs ». Je m’apprêtais à envisager ce qui pousse la chroniqueuse à tant de malhonnêteté intellectuelle et à énumérer les hypothèses : la course éperdue à entretenir le buzz autour d’elle au moment où sort son dernier livre sur sa vie sentimentale avec une Femen ? La jalousie de ne pas avoir d’émission télé ? Une trop grande habitude à prendre ses aises avec les faits ? Je me disais, vendredi soir, au volant de ma voiture, que c’était décidément un bon sujet, quand tout à coup, sur France Inter, Zoé Varier, dans son émission « L’Heure des rêveurs », fit résonner la voix de Charlotte Delbo. La voix extraordinaire de cette grande résistante qui évoquait, avec sa gouaille effrontée, l’existence des déportées de son convoi à Auschwitz, la mort partout présente et l’espoir, la nécessité de témoigner et d’écrire. On l’entendit raconter l’anecdote suivante (à Jacques Chancel, dans « Radioscopie »). Secrétaire de Louis Jouvet avant d’être capturée, Charlotte Delbo avouait avoir peur de lui. Mais, de retour d’Auschwitz, elle dit à Jouvet que, désormais, il ne lui inspirait plus aucune crainte. Celui-ci, devant cette confession, ne put retenir ses larmes. À l’écoute de cette femme simple et immense, le bon sujet que je croyais tenir s’est effondré de lui-même. En effet, face à Charlotte Delbo, que reste-t-il d’un personnage médiatique comme tant d’autres aujourd’hui, inutile et vain ? Écouter et lire Delbo, et renvoyer Fourest à son néant.