Le monde en cartes postales

François Boisjoly publie un époustouflant répertoire des premiers photographes exerçant sur les territoires français entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Une mémoire richement illustrée des colons, populations et paysages.

Jean-Claude Renard  • 20 février 2014 abonné·es

On sait peu de chose sur Garrigues, exerçant à partir de 1860. Une succursale à Nîmes, une autre à Vichy, le reste de l’année à Tunis. Photographe officiel de son altesse le bey, il réalise vers 1880 de nombreux clichés dans les quartiers juifs et les fouilles de Byrsa. Il édite le reportage de la visite officielle du président Loubet en cartes postales, il est encore présent pour cadrer l’exposition universelle de Tunis en 1878.

François-Edmond Fortier est un autre exemple de ces photographes du bout du monde. Considéré comme le plus prolifique en matières de cartes postales (avec plus de 3 300 clichés édités). La Guinée en 1902, le Soudan vers 1905, puis la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Nigeria et le Sénégal. De son côté, Gaston Emérigon Fabre reçoit les honneurs d’une médaille pour ses photographies de Tahiti lors de l’Exposition universelle de 1889. Il cadre aussi l’ancien roi d’Abomey et sa cour lors de leur exil en Martinique avant d’éditer ses clichés en cartes postales. À peine initiés à la photographie, rebondissant sur la mode du nouveau support, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, ils sont plusieurs centaines à saisir des images des territoires français. Portraits officiels, anonymes, populations locales, colons, paysages, monuments… Le toutim diffusé sous forme de cartes postales, de portraits cartes de visite.

Tout passe dans l’objectif, offrant ainsi une véritable mémoire du Bassin méditerranéen, de l’Afrique noire et de l’Afrique du Nord, de l’Asie, de l’Océanie et de l’Amérique. Une mémoire rassemblée et réanimée dans cet extraordinaire répertoire, richement illustré, réunissant un millier de noms accompagnés de données et de repères biographiques. Rappelant ainsi le souvenir des frères Goode, dont les activités commencent aux débuts des années 1870, domiciliés à Nouméa et passant une petite annonce en 1875, dans le Moniteur de la Nouvelle-Calédonie, indiquant l’ouverture de leurs « Salons photographiques ». Des salons qui se résument à une tente de six mètres sur quatre. Les Goode proposent à la clientèle des portraits cartes de visite, des vues stéréoscopiques, de simples images de salon. Tarif des portraits cartes : vingt-cinq francs la douzaine et quinze francs la demi-douzaine.

Culture
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