Aides et Act Up en faillite ?
Les associations de lutte contre le VIH et de défense des malades sont menacées du fait de sérieuses difficultés financières.
dans l’hebdo N° 1296 Acheter ce numéro
Depuis le 24 mars, Act Up-Paris est en cessation de paiement. Ses militants ont approuvé, lors de leur dernière réunion hebdomadaire du 20 mars, la procédure initiant son redressement judiciaire. Fin janvier déjà, sept de ses huit salariés avaient été mis au chômage technique, après le non-renouvellement de deux autres en décembre. Alors que les discriminations envers les malades du sida, souvent dans une grande précarité, n’ont jamais cessé et que les contaminations par le VIH demeurent à un niveau très élevé en France (environ 7 000 par an), Act Up joue aujourd’hui sa survie. Et, faute de militants, a même du mal à communiquer pour appeler à la solidarité [^2]…
Plus généralement, c’est la situation économique de la lutte contre le sida dans son ensemble qui est particulièrement inquiétante. Aides, la plus grosse association en termes de salariés et de budget, ne parvient plus à faire face à ses dépenses, et s’apprête à lancer un plan social prévoyant le départ de près de 470 personnes (environ 10 % de ses effectifs). Dans un climat, inédit dans le secteur, de fronde contre la direction de la part de l’intersyndicale des salariés, qui conteste la gestion de l’association, pointant même les revenus élevés des dirigeants… Mécénat, dons privés, subventions publiques, fonds du Sidaction, tous les financements de la lutte contre le sida, depuis plusieurs années, sont donc à la baisse. Et les associations à la peine, leur existence même, dans certains cas, menacée. Au premier rang, Act Up-Paris, la plus radicale et la plus inventive des associations de malades, risque littéralement de mettre la clé sous la porte. Moins généreux que par le passé, ses grands mécènes privés, dont Pierre Bergé, ont réduit leurs contributions de deux tiers au cours des trois dernières années. De même, les dons des personnes physiques se font moins importants, sans aucun doute frappées elles aussi par la précarité et la baisse du pouvoir d’achat. Quant aux subventions publiques, les agences régionales de santé ou la Direction générale de la santé privilégient les programmes d’aides matérielles aux malades, par des subventions fléchées. Ce qui handicape particulièrement Act Up, association plus « politique » et non caritative.
[^2]: Une pétition a néanmoins déjà recueilli près de 5 000 signatures : www.change.org