Après deux mandats, il raccroche pour « éviter la lassitude »
Dans l’Orne, Yannick Soubien se retire après deux mandats et une expérience enrichissante.
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Au cœur de la Basse-Normandie, Taillebois s’étend sur 5,5 km2 et compte 151 habitants. Le village fait partie de la communauté de communes du bocage d’Athis-de-l’Orne. Après un mandat de conseiller municipal, et de délégué communautaire, de 1995 à 2001, Yannick Soubien est élu maire en 2001 et reconduit en 2008, sans étiquette, quand bien même ses administrés le savent militant d’EELV.
À peine élu, Yannick Soubien avait prévenu : il n’irait pas au-delà de deux mandats. « Il est important qu’une vie locale se renouvelle, soit l’objet d’expériences pour d’autres, pour éviter une certaine lassitude, une forme d’inertie. Étant vice-président du conseil régional, élu EELV, il était bon en outre que je me mette en conformité avec le non-cumul des mandats. »
Non que l’expérience ait été douloureuse, au contraire. « Ça a été une belle expérience en termes d’apprentissage de la vie collective. » Yannick Soubien a commencé par diviser par quatre l’indemnité du maire et d’un adjoint pour avoir trois adjoints, de telle sorte que toute décision prise par ce conseil municipal de onze personnes soit collective. « On ne peut pas faire peser la responsabilité sur le seul maire, même si c’est à lui de trancher, soutient-il. En deux mandats, nous avons réussi à faire tout ce que nous imaginions possible de faire, qu’il s’agisse de l’assainissement, de l’aménagement du bourg, de trouver des financements ou de faire de la salle communale un lieu appartenant à la collectivité. »
Au mois d’avril, Taillebois connaîtra une nouvelle équipe (une seule liste ayant été déposée), une gouvernance locale constituée pareillement autour d’un leader, Michel Denis, organisée autour des compétences des uns et des autres. Yannick Soubien n’en reste pas moins vice-président du conseil régional et un militant actif. Qui lutte aujourd’hui contre l’installation d’une entreprise de gestion des déchets, visant à enfouir des millions de tonnes de broyages de voitures, à cinq kilomètres du haras du Pin.
Une installation autorisée par Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Écologie, et contre laquelle se sont élevés la filière équine, des paysans et des citoyens. Tout un front de résistance attaquant la décision du tribunal administratif ayant donné son accord d’exploitation, malgré une enquête publique défavorable. Si le tribunal de grande instance a donné raison aux citoyens, 1 800 tonnes de déchets ont déjà été enfouies avec l’aval du préfet. Depuis, les opposants occupent le site. Monsieur le maire, mandaté jusqu’au 31 mars, s’y rend chaque semaine et y passe une nuit par mois.