« Braddock America » : Le déclin du rêve américain

Un documentaire sur la fin d’un empire sidérurgique en Pennsylvanie.

Ingrid Merckx  • 13 mars 2014 abonné·es

Splendeur et décadence. Braddock, Pennsylvanie, était un fleuron de l’industrie américaine. Un bastion sidérurgique qui a fourni le monde en acier avant de s’effondrer. Sous le regard de deux Français, Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler, les rues désertes d’aujourd’hui sont confrontées à l’agitation urbaine d’alors par le biais d’images d’archives.

Les deux documentaristes n’ont de cesse de mesurer l’écart entre le faste et l’oubli. Braddock America est un film sur la désindustrialisation et la fierté ouvrière, mais aussi sur l’échec d’une ville à anticiper son déclin et à se réinventer. Les habitants vivent entre des maisons abandonnées, parce qu’invendables, qui tombent en ruine ou sont pillées, cependant que la nature regagne du terrain. L’hôpital local, dernier pourvoyeur d’emplois, a été fermé pour manque de patients, raison officielle, ou parce que les habitants présentaient des pathologies qu’il valait mieux soigner ailleurs. L’angle mort du film, c’est l’écologie. Hormis un personnage qui fustige le « monstre mondialisation », tous n’ont en tête que des rêves de croissance brisés. Ils pleurent le temps où ils étaient riches et où régnait le plein-emploi, omettant les fumées épaisses au point de ne plus voir ses mains. Les conditions de travail dans ces aciéries, il en est question en filigrane, mais les dommages de l’exploitation de l’acier sur cette vallée et sur la santé des ouvriers sont recouverts par la souffrance liée au chômage et à l’absence de perspectives.

Cinéma
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