Égypte : Procès expéditifs
Des centaines d’islamistes sont condamnés à mort.
dans l’hebdo N° 1296 Acheter ce numéro
La dictature militaire a renoué avec les pires heures de l’histoire égyptienne. Lundi, sous la férule de l’armée, le tribunal de Minya, dans le sud du pays, a condamné à mort 529 militants ou proches des mouvements islamistes. Ils avaient participé à des manifestations contre la destitution du Président élu, Mohamed Morsi, le 3 juillet dernier. Le procès n’a duré qu’une journée… Et mardi, ce sont 700 autres partisans de l’ancien Président qui devaient être jugés par le même tribunal. Le pouvoir leur reproche des violences lors des manifestations du 14 août qui s’étaient achevées dans un bain de sang. Quelque 700 manifestants avaient alors été abattus par la police et par l’armée. Beaucoup des accusés, qui ont réussi à prendre la fuite, sont jugés par contumace. Les protestations internationales – la Maison Blanche s’est déclarée « choquée » – pourraient conduire à une révision de ces procès. Amnesty International a souligné qu’il s’agissait « du plus grand nombre de condamnations à mort simultanées que nous ayons vues ces dernières années dans le monde entier » .
Ces procès témoignent de la férocité de la répression qui s’abat sur les islamistes, en particulier sur les Frères musulmans, dont le guide suprême, Mohammed Badie, figure parmi les accusés. Mais la répression s’étend à présent à toutes les sphères de la société, frappant également des responsables laïques qui avaient pris part à la révolution de la place Tahrir, en janvier 2011. Les événements de ces derniers jours devraient remettre en perspective l’attitude de l’armée au lendemain du soulèvement qui a provoqué la chute d’Hosni Moubarak. À l’époque, des intellectuels et des éditorialistes français avaient applaudi à la destitution du Président islamiste démocratiquement élu. C’était mal connaître la nature de l’armée égyptienne, véritable caste économique abreuvée par l’aide militaire américaine.