Égypte : Procès expéditifs

Des centaines d’islamistes sont condamnés à mort.

Denis Sieffert  • 27 mars 2014 abonné·es

La dictature militaire a renoué avec les pires heures de l’histoire égyptienne. Lundi, sous la férule de l’armée, le tribunal de Minya, dans le sud du pays, a condamné à mort 529 militants ou proches des mouvements islamistes. Ils avaient participé à des manifestations contre la destitution du Président élu, Mohamed Morsi, le 3 juillet dernier. Le procès n’a duré qu’une journée… Et mardi, ce sont 700 autres partisans de l’ancien Président qui devaient être jugés par le même tribunal. Le pouvoir leur reproche des violences lors des manifestations du 14 août qui s’étaient achevées dans un bain de sang. Quelque 700 manifestants avaient alors été abattus par la police et par l’armée. Beaucoup des accusés, qui ont réussi à prendre la fuite, sont jugés par contumace. Les protestations internationales – la Maison Blanche s’est déclarée « choquée »  – pourraient conduire à une révision de ces procès. Amnesty International a souligné qu’il s’agissait « du plus grand nombre de condamnations à mort simultanées que nous ayons vues ces dernières années dans le monde entier » .

Ces procès témoignent de la férocité de la répression qui s’abat sur les islamistes, en particulier sur les Frères musulmans, dont le guide suprême, Mohammed Badie, figure parmi les accusés. Mais la répression s’étend à présent à toutes les sphères de la société, frappant également des responsables laïques qui avaient pris part à la révolution de la place Tahrir, en janvier 2011. Les événements de ces derniers jours devraient remettre en perspective l’attitude de l’armée au lendemain du soulèvement qui a provoqué la chute d’Hosni Moubarak. À l’époque, des intellectuels et des éditorialistes français avaient applaudi à la destitution du Président islamiste démocratiquement élu. C’était mal connaître la nature de l’armée égyptienne, véritable caste économique abreuvée par l’aide militaire américaine.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Syrie : à Damas, l’espoir et l’incertitude de l’après Al-Assad
Reportage 11 décembre 2024 abonné·es

Syrie : à Damas, l’espoir et l’incertitude de l’après Al-Assad

La population exprime son soulagement depuis la libération de la capitale syrienne, le 8 décembre, après cinquante-quatre ans de domination de la famille Al-Assad. Dans une ambiance chaotique, l’euphorie et l’incertitude se mêlent aux découvertes macabres de la prison de Saidnaya. 
Par Hugo Lautissier
En Cisjordanie, l’accaparement des terres palestiniennes
Reportage 11 décembre 2024 abonné·es

En Cisjordanie, l’accaparement des terres palestiniennes

Alors que tous les yeux sont rivés sur Gaza, Israël a mis un coup d’accélérateur à son projet colonial. En 14 mois, les implantations se sont multipliées, des colonies ont été légalisées et la violence des colons reste impunie.
Par Alice Froussard
Réfugiés syriens : des pays européens suspendent les demandes d’asile
Asile 9 décembre 2024 abonné·es

Réfugiés syriens : des pays européens suspendent les demandes d’asile

Après la chute du régime de Bachar al-Assad, l’incertitude de la situation en Syrie pousse plusieurs pays européens, dont la France, à suspendre les dossiers des réfugiés syriens.
Par Maxime Sirvins
En Roumanie, du vote antisystème au nationalisme
Monde 4 décembre 2024 abonné·es

En Roumanie, du vote antisystème au nationalisme

Après un premier tour inattendu lors de la présidentielle, qui a vu la coalition de gauche battue au profit d’un candidat prorusse, les sociaux-démocrates sont arrivés en tête des législatives le dimanche suivant, suivis de près par l’extrême droite. Le second tour de la présidentielle a été annulé par la Cour constitutionnelle ce 6 décembre.
Par Hervé Bossy (collectif Focus)