Jacques Bourgoin, Gennevilliers : maire est une fonction « physique »

À Gennevilliers, Jacques Bourgoin raconte un quotidien fait de batailles incessantes.

Michel Soudais  • 13 mars 2014 abonné·es

Une gigantesque photo aérienne orne le mur de son bureau. « Elle a trois ans, mais, à Gennevilliers, il faudrait changer les cartes tous les deux ans », nous avertit Jacques Bourgoin, maire PCF. N’y figurent ni la piscine ni le centre culturel et social Aimé-Césaire, dessiné par Rudy Ricciotti, « l’architecte du Mucem de Marseille ». Le tramway était encore en chantier, la place Jean-Grandel, du nom du premier maire communiste, élu en 1934 et fusillé à Chateaubriand avec Guy Môquet, n’était pas encore refaite. Et le chantier de l’écoquartier de 1 500 logements n’était pas commencé. « Maire, c’est le plus beau mandat, assure Jacques Bourgoin, il y a des résultats. »

Malgré une satisfaction intacte, l’édile de Gennevilliers passe le flambeau. Après deux mandats à la tête de cette ville populaire de 42 500 habitants au nord de Paris ; le temps qu’il faut, selon lui, « pour impulser des politiques ou renouveler des politiques déjà en œuvre antérieurement ».

La bataille pour le logement est de celle-là. La ville détruit et construit beaucoup. Mais, à son arrivée en 2001, Jacques Bourgoin doit rassurer une population qui craint que ces embellissements et le développement de la ville, avec l’arrivée du métro, ne la chassent. Des assises sont organisées pour expliquer : il est « possible d’avoir une ville moderne et populaire tout en faisant en sorte que cette amélioration s’opère pour les habitants et sans changer la population de la ville ». Gennevilliers n’est pas Levallois.

Convaincue que, « pour gérer la ville, il faut tenir les terrains », l’équipe communiste s’est dotée depuis la Libération des outils nécessaires (SEM aménagement, office public municipal, etc.). Ils ont permis de racheter à Renault les terrains de l’ancienne usine Chausson pour y construire l’écoquartier, avec 50 % de logements sociaux, ce dont Jacques Bourgoin n’est pas peu fier. Comme il l’est des politiques mises en œuvre pour élargir aux plus modestes l’accès aux équipements culturels et sportifs. Ou de la mise en place de budgets participatifs dans les comités de quartier.

Gérer, c’est aussi batailler avec la population. Après un conseil municipal extraordinaire sur le parvis de la préfecture, qui a permis la signature d’une convention de résorption de l’habitat insalubre (900 logements recensés en 2002, 150 aujourd’hui), Jacques Bourgoin n’a pas hésité à « faire du murage sauvage » quand les décisions de fermeture traînaient. Ou à pétitionner pour obtenir de Patrick Devedjian que le département participe au financement d’un nouveau centre de santé (Politis n° 1132).

« La qualité première d’un maire est d’être sur le terrain », explique Jacques Bourgoin, qui reconnaît que le mandat est « physique ». « C’est beaucoup de dialogue. On n’arrête jamais. Le seul moment où on peut se reposer, c’est le dimanche après-midi, et encore… » Soutenir l’équipe de foot de temps en temps fait partie de la fonction. « Il ne faut pas se raconter d’histoires, lâche-t-il, il y a des choses qu’on peut faire à 40 ou à 50 ans et qu’on ne peut plus faire à 60. »

Jacques Bourgoin invoque toutefois une autre raison pour expliquer son choix d’arrêter. « Quand on travaille avec de plus jeunes, c’est aussi pour préparer leur prise de responsabilités », nous confie cet ancien professeur de mathématiques, qui, jusqu’à sa retraite l’été dernier, avait conservé un mi-temps dans le lycée de sa ville. À 61 ans, c’est pour l’un de ses adjoints, Patrice Leclerc, conseiller général comme lui d’un des deux cantons de la commune, mais de onze ans son cadet, qu’il mène campagne.

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