Ukraine : Kiev rappelle ses troupes de Crimée
Alors que le sort de la péninsule semble scellé, l’attention se reporte sur la frontière orientale du pays, où la Russie masse des soldats.
dans l’hebdo N° 1296 Acheter ce numéro
C’est un véritable changement de ton du gouvernement provisoire ukrainien. Le Président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a indiqué lundi que les troupes ukrainiennes en Crimée seraient « redéployées » en Ukraine continentale. Quelques jours auparavant, les autorités de Kiev avaient au contraire autorisé les militaires à tirer pour défendre leurs bases en Crimée contre les troupes russes. C’est aussi, et peut-être surtout, le ralliement au principe de réalité, et une façon de prendre acte du rapport de force. Il est vrai qu’au cours du week-end les dernières bases étaient tombées aux mains des Russes, pratiquement sans combats. Les Russes ont également saisi plusieurs bateaux de la flotte ukrainienne, malgré les protestations de Kiev et des Occidentaux. Autre timide signe de détente, côté ukrainien, la rencontre entre le ministre des Affaires étrangères de Kiev, Andrii Dechtchitsa, avec son homologue russe Sergueï Lavrov « pour discuter », selon le premier nommé, « de comment résoudre pacifiquement la crise ». Ce qui peut, côté russe, ressembler à une reconnaissance du gouvernement de Kiev par Moscou. Mais, alors que le sort de la Crimée semblait scellé, l’attention se portait lundi vers la frontière orientale de l’Ukraine. Malgré les assurances données par Moscou qu’il n’y aurait pas d’intervention militaire dans la région Est de l’Ukraine, la Russie a continué d’amasser des troupes à proximité de la frontière. Des responsables militaires américains ont estimé à 20 000 le nombre de soldats déployés par la Russie le long de la frontière, avec des véhicules de transports terrestre et aérien, ainsi que des avions de combat.
Enfin, un événement marquant a eu lieu lundi à Rivne, dans l’ouest de l’Ukraine. Un responsable régional du mouvement d’extrême droite Pravy Sektor a été abattu par la police venue l’arrêter. Olexandre Mouzitchko, dit « Sachko Le Blanc », avait ouvert le feu sur les policiers qui ont riposté. Cette affaire met en lumière les tensions entre la majorité du gouvernement de transition et le mouvement fascisant, lequel s’était illustré sur les barricades de la place Maïdan, au plus fort des affrontements. Mouzitchko, comme beaucoup des nervis de Pravy Sektor, était aussi lié au grand banditisme. Il n’empêche que les Ukrainiens dits pro-européens sont loin d’en avoir fini avec ce mouvement, puisque son leader, Dmytro Iaroch, a annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle du 25 mai. Cette présence, qui devrait être inadmissible pour les Européens, est aussi abondamment exploitée par Vladimir Poutine pour discréditer l’ensemble du mouvement qui a conduit à la chute de Viktor Ianoukovitch.