Après l’avant-garde (À flux détendu)
La revue Cassandre-Horschamp (n° 97, printemps 2014), pose la seule question qui vaille : « Après l’avant-garde », quel art politique subsiste aujourd’hui et sous quelle forme ?
dans l’hebdo N° 1299 Acheter ce numéro
Quoi donc « après l’avant-garde » ? Alors que certains en sont encore à regretter un temps qui n’est plus depuis longtemps, surréaliste, situationniste ou structuraliste, la revue Cassandre-Horschamp (n° 97, printemps 2014), pose la seule question qui vaille : « Après l’avant-garde », quel art politique subsiste aujourd’hui et sous quelle forme ? À espérer encore que se lève une avant-garde dans nos contrées occidentales – et pas seulement en matière d’art –, on se trompe d’époque et d’espace. Si, face à un pouvoir autoritaire, comme dans la Russie de Poutine, les artistes peuvent se battre en pointe contre l’oppression (les Pussy Riot, le collectif Voïna…), il en va différemment quand les systèmes politiques et économiques, tel le social-libéralisme, agissent en suscitant un doux étouffement progressif. Alors quoi ? « Une poussière lumineuse de pensées et d’actions […], réfractaires aux pouvoirs politiques et marchands, qui travaille, discrètement mais en profondeur, notre “civilisation” », écrit le directeur de Cassandre, Nicolas Roméas. Des artistes qui tentent de « sortir l’art de son lit ». Comme le compositeur Nicolas Frize, le poète Julien Blaine, le vidéaste polonais Artur Zmijewski, qui a bousculé la Biennale de Berlin, dont il était le commissaire d’exposition en 2012, en l’ouvrant à l’activisme politique, ou Steven Cohen, traîné en justice pour avoir réalisé une performance intitulée Coq sur l’esplanade des Droits de l’homme, à Paris. Tous interviennent dans ce riche numéro, décalant les perspectives, développant une pensée stimulante de la portée politique de leurs gestes. Non sans humour. Ainsi Steven Cohen : « En devenant une marchandise, la culture s’annule elle-même par l’obligation de remplir les salles à tout prix. Il est difficile d’être intègre à l’intérieur de ce business. Sauf si on est fou. Mais, pendant ma garde à vue, j’ai passé un test de psychiatrie et, selon les résultats, je ne suis pas fou. »