Les salariés veulent une Europe sociale
Les syndicats organisent une euromanif le 4 avril à Bruxelles.
dans l’hebdo N° 1297 Acheter ce numéro
La mise en cause des plans d’austérité et la forte opposition au « grand marché transatlantique », en négociation entre l’Union européenne et les États-Unis, mobiliseront, vendredi 4 avril, les salariés européens à Bruxelles, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Quatre organisations syndicales françaises (CFDT, CGT, FSU et Unsa) ont appelé à participer à ce premier mouvement social organisé pendant la campagne pour les élections européennes, prévues en mai.
Les dirigeants de l’UE sont dans le collimateur des syndicats, à la suite du sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles les 20 et 21 mars. « Ils continuent à ébranler le projet européen en prolongeant la crise financière et sociale et en s’aliénant des millions de personnes », accuse la CES, qui déplore une « dimension sociale de l’Union extrêmement faible. Les citoyens ne sont pas d’accord avec la voie choisie par l’UE. Ils ne verront pas une telle Europe avec bienveillance si elle ne change pas de cap ». Le sommet qui s’est déroulé le 26 mars entre l’Union européenne et les États-Unis, qui a réaffirmé l’ « engagement à conclure rapidement un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) ambitieux », a jeté de l’huile sur le feu dans les rangs syndicaux et chez certains députés européens. « Cet accord, négocié secrètement, est susceptible d’affaiblir nos droits sociaux, politiques et environnementaux », estime l’Allemande Ska Keller, candidate des Verts à la présidence de la Commission européenne. Selon la députée Françoise Castex, qui a quitté le groupe social-démocrate en raison de ses divergences de vue sur le TTIP, cet accord risque de remettre en cause les normes sanitaires et phytosanitaires européennes. Le TTIP devrait de plus créer des tribunaux d’arbitrage (de droit privé) appelés à trancher dans les différends entre États et multinationales. Cette procédure controversée a suscité une motion demandant au Parlement britannique l’exclusion de ces tribunaux d’arbitrages du TTIP. Déposée par la députée verte Caroline Lucas, elle a recueilli la signature de 35 députés sociaux-libéraux.
De son côté, le mouvement syndical européen veut une « nouvelle voie pour l’Europe » avec l’adoption d’un « grand plan européen pour l’investissement, une croissance durable et des emplois de qualité », tournant le dos aux politiques d’austérité « qui conduisent à la récession et à un désastre économique et social ». Outre ce plan qui nécessiterait un investissement de l’ordre de 260 milliards d’euros pendant dix ans, les syndicats diffuseront un manifeste « pour les élections du Parlement européen ». Les consignes sont de voter pour des candidats favorables à une Europe « socialement inclusive ». Les syndicats européens proposent aux candidats une « harmonisation des fiscalités, afin de limiter les pratiques de mise en concurrence entre les pays ». Cette harmonisation devrait garantir le maintien de systèmes de protection sociale de qualité « contrairement à la course au moins-disant social et fiscal qui aggrave la crise ».