L’UE doit-elle craindre pour son gaz ?

La crise ukrainienne pourrait avoir des répercussions sur l’approvisionnement énergétique européen.

Clémence Duneau  • 17 avril 2014 abonné·es

Le Fonds monétaire international (FMI) a tiré le signal d’alarme contre des risques de contagion de la crise ukrainienne à toute l’économie mondiale. La recrudescence des tensions en Ukraine et d’éventuelles sanctions économiques de l’UE pourraient faire déraper les marchés. Le géant russe Gazprom a annoncé l’annulation de deux ristournes sur ses livraisons gazières, augmentant le prix de la ressource de 80 %. Passant de 268 à 485 dollars, les 1 000 m3 de gaz ont atteint l’un des prix les plus élevés d’Europe. De plus, Gazprom a conditionné la poursuite des ventes au règlement d’une dette de 1,71 milliard de dollars contractée par la compagnie ukrainienne Naftogaz.

Ces décisions pèsent lourdement sur une économie en récession et dont la consommation en énergie dépend à 60 % de l’importation russe. Au point que des ministres de l’Union européenne ont mis en garde Moscou sur le risque d’un « effondrement économique et politique de l’Ukraine ». L’économie russe pâtit également des tensions. La Bourse de Moscou et le rouble sont en forte baisse, et la fuite de capitaux a dépassé les 50 milliards de dollars au premier trimestre. Conséquence : l’action de la compagnie Gazprom a plongé de 4 % le 7 avril. Ce spectre d’une « guerre du gaz », pour reprendre l’expression du Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, pourrait toucher fortement l’UE, dont 25 % de la consommation en 2013 dépend du gaz russe. Or, près de la moitié des 133 milliards de m3 livrés à l’UE transite par le réseau de gazoducs ukrainiens.

Face à ces événements, les États européens ont pris conscience de leur dépendance et de l’urgence à investir dans une diversification des sources en hydrocarbure. L’Europe occidentale dispose, elle, d’une relative autonomie, mais les pays de l’ex-Union soviétique membres de l’UE restent extrêmement dépendants – jusqu’à 80 % – des exportations de gaz russes. Une crise énergétique similaire à celle de 2009, lorsque Gazprom avait interrompu ses livraisons passant par l’Ukraine, n’est cependant pas envisageable, d’après Pawel Kowal, président de la délégation à la Commission de coopération parlementaire UE-Ukraine. L’amélioration des capacités de stockage du gaz des pays de l’Union, estimées à 36 milliards de m3, permettrait en effet de contourner le risque d’un arrêt des approvisionnements transitant par l’Ukraine.Sans compter que le lobby du gaz de schiste américain est à l’affut

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »
Vidéo 17 janvier 2025

« Pour Trump, les États-Unis sont souverains car puissants et non du fait du droit international »

Alors que Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis le 20 janvier, Bertrand Badie, politiste spécialiste des relations internationales, est l’invité de « La Midinale » pour nous parler des ruptures et des continuités inquiétantes que cela pourrait impliquer pour le monde.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social
Récit 17 janvier 2025 abonné·es

Avec Donald Trump, les perspectives enterrées d’un État social

Donald Trump a promis de couper dans les dépenses publiques, voire de supprimer certains ministères. Les conséquences se feront surtout ressentir chez les plus précaires.
Par Edward Maille
Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse
Analyse 17 janvier 2025

Trump : vers une démondialisation agressive et dangereuse

Les règles économiques et commerciales de la mondialisation ayant dominé les 50 dernières années ont déjà été fortement mises en cause. Mais l’investiture de Donald Trump va marquer une nouvelle étape. Les échanges économiques s’annoncent chaotiques, agressifs et l’objet ultime de la politique.
Par Louis Mollier-Sabet
À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire
Reportage 15 janvier 2025 abonné·es

À Hroza, en Ukraine, les survivants tentent de se reconstruire

Que reste-t-il quand un missile fauche 59 personnes d’un petit village réunies pour l’enterrement d’un soldat ? À Hroza, dans l’est de l’Ukraine, les survivants et les proches des victimes tentent de gérer le traumatisme du 5 octobre 2023.
Par Pauline Migevant