Parutions de la semaine
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Qu’est-ce que l’écosophie ?
Félix Guattari, textes présentés, édités et agencés par Stéphane Nadaud, Nouvelles éditions Lignes/Institut Mémoires de l’édition contemporaine, 592 p., 24 euros.
En 1985, Félix Guattari, psychanalyste et philosophe, ayant écrit avec Gilles Deleuze certains des plus importants ouvrages de philosophie des années 1970, publiait les Années d’hiver. L’ouvrage rassemblait ses textes politiques fustigeant l’entrée dans l’ère néolibérale à partir des années 1980. Rédigés entre 1986 et 1992, les textes – inédits – qui forment le présent recueil, tournés cette fois vers l’avenir, sont une tentative rigoureuse de concevoir une « écosophie », philosophie articulant les « trois écologies » (titre d’un autre de ses livres paru en 1989) « environnementale, sociale et mentale ». Afin de dépasser l’échec face à l’ultralibéralisme alors naissant, Guattari s’essaie à penser une alternative reposant sur « de nouvelles alliances au sein desquelles un nouveau mouvement ouvrier, le féminisme et l’écologie joueront un rôle déterminant ». Un ouvrage essentiel.
Herculine Barbin
dite Alexina B
Présenté par Michel Foucault, suivi d’Un scandale au couvent, d’Oscar Panizza, postface d’Éric Fassin, Gallimard, 268 p., 19,50 euros.
En 1874, un professeur de médecine légale publie un manuscrit autobiographique laissé par son auteur six ans plus tôt, alors qu’il vient de se suicider. Retrouvés par Michel Foucault, qui les fait rééditer chez Gallimard en 1978, ces « souvenirs » d’un hermaphrodite (on dit aujourd’hui intersexe), ceux d’Herculine Barbin (1838-1868), devenue Abel en 1860, constituent un document rare. Pour Foucault, c’est une illustration particulièrement parlante de « l’assignation médicale », née au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, d’un « vrai sexe » à chaque individu. Ce qu’avait déjà étudié de façon romancée le médecin allemand Oscar Panizza au début du XXe siècle. Un grand texte qu’Éric Fassin relie, dans sa postface, aux apports contemporains des gender studies (études de genre).
Paris, bivouac des révolutions
La Commune de 1871
Robert Tombs, traduit de l’anglais par José Chatroussat, préface d’Éric Fournier, Libertalia, 480 p., 20 euros.
À peine trois mois. De la proclamation, fin mars 1871, de la Commune à l’Hôtel de Ville de Paris, où les drapeaux rouges supplantent le tricolore, jusqu’aux massacres de la Semaine sanglante (21-28 mai). Pourtant, depuis près d’un siècle et demi, cette « révolution unique et utopique » donne du fil à retordre aux historiens tant elle est à la croisée des époques, des références théoriques et des interprétations idéologiques. L’historien britannique Robert Tombs relève ce défi historiographique. D’autant mieux qu’il échappe aux enjeux mémoriels hexagonaux grâce à un « stimulant décentrement du regard », dixit Éric Fournier dans sa préface.
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