Rwanda: Le retour d’un débat sans fin
La France doit montrer sa volonté de faire toute la lumière sur son rôle pendant le génocide.
dans l’hebdo N° 1298 Acheter ce numéro
À l’évidence, les accusations lancées par Paul Kagamé contre la France répondent à des préoccupations politiques aussi actuelles que cyniques, comme l’analyse fort bien Rony Brauman. Il n’empêche que le soupçon ne pourra être dissipé – s’il peut l’être – que si la France donne tous les moyens de l’investigation à des chercheurs et des historiens indépendants.
Il y a déjà des certitudes, peu glorieuses, mais hélas conformes aux pratiques de la « Françafrique », comme le soutien, y compris militaire, au régime en place. La « complicité », si l’on peut employer ce mot, avant le 7 avril 1994, date du début des exterminations, ne fait donc aucun doute. Mais pendant le génocide ? Et après ? L’opération « Turquoise », entamée le 22 juin, n’a-t-elle été qu’une mission d’interposition ? Mais que veut dire « interposition » alors que le massacre est au comble de l’horreur ? Les soldats français ont-ils « laissé faire » ? Ont-ils, à Bisesero notamment, « tardé » à intervenir alors que des rescapés tutsis étaient à la merci des tueurs ? Et si tel est le cas, où finit l’impuissance et où commence la complicité ?
Entre la France qui campe sur son discours officiel et un Président rwandais orfèvre en manipulations, la vérité est difficile à établir. Paris doit prendre l’initiative de la favoriser.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don