Ukraine : Vers une fédéralisation ?
Le conflit entre Moscou et les Occidentaux se déplace sur le terrain diplomatique, non sans risque de retour à l’épreuve de force.
dans l’hebdo N° 1297 Acheter ce numéro
Tout au long du week-end, la Russie a laissé entrevoir la possibilité d’une sortie de crise dans l’affaire ukrainienne. Mais, si le conflit entre Moscou et les Occidentaux s’est déplacé sur le terrain diplomatique, il reste lourd de menaces. Au centre du débat, la question de la fédéralisation de l’Ukraine. Elle a occupé l’essentiel de la rencontre, dimanche soir à Paris, entre le secrétaire d’État américain, John Kerry, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sans que les deux parties parviennent à un accord.
La fédéralisation, préconisée par la Russie, pourrait permettre d’accorder une relative autonomie aux régions russophones du sud et de l’est de l’Ukraine. Mais les États-Unis ne veulent rien accepter qui ne soit validé par le gouvernement de transition à Kiev. Or, celui-ci, au moment où s’ouvre la campagne pour la présidentielle du 25 mai, est opposé à cette formule. Le gouvernement issu de la révolution qui a chassé Viktor Ianoukovitch craint que la fédéralisation soit le premier pas vers la partition du pays et le rattachement de la partie orientale de l’Ukraine à la Russie. Cette crainte est alimentée par la présence encore massive de troupes russes le long de la frontière. Sergueï Lavrov a cependant démenti tout projet militaire : « Nous n’avons aucune intention ni aucun intérêt à traverser la frontière de l’Ukraine. » À Kiev, l’ex-Première ministre, Ioulia Timochenko, a déclaré sa candidature pour la présidentielle, dont le favori est pour l’instant le milliardaire Petro Porochenko.
Celui que les Ukrainiens ont surnommé le « roi du chocolat » a fait fortune dans la confiserie et préside le conseil de la banque nationale d’Ukraine. Cet affairiste avait participé à la fondation du Parti pro-russe des Régions, avant de financer la révolution orange de 2004 et de devenir un fervent partisan de l’adhésion à l’Otan. Sa candidature n’est évidemment pas de nature à rassurer Moscou.