Brésil : L’avenir des Awá est sauf
Le 25 avril, le gouvernement brésilien annonçait l’expulsion de la totalité des occupants illégaux du territoire de cette tribu isolée.
dans l’hebdo N° 1302 Acheter ce numéro
Il y a encore quelques mois, selon Survival [^2], c’était « la tribu la plus menacée au monde ». L’ONG a pris sa défense il y a deux ans, quand bûcherons et éleveurs illégaux se faisaient dix fois plus nombreux que les Awá eux-mêmes sur leurs terres. Cette tribu de chasseurs-cueilleurs est l’une des plus isolées du monde. Et l’une des plus vulnérables. Le paludisme et la grippe, apportés par le train minier qui traverse leur territoire, ont fait des ravages dans une de leurs communautés. En lien intime avec la forêt, leur existence était compromise par les méthodes d’exploitation sauvage, mêlant bulldozers, incendies et armes à feu. Leurs défenseurs ont employé alors les termes de « génocide » et d’ « extinction » pour décrire cette terrible situation.
La campagne menée par Survival afin de sensibiliser l’opinion internationale et de faire pression sur le ministre de la Justice brésilien a donc fait effet. En 2012, l’acteur britannique Colin Firth lançait la bataille avec une vidéo : « Un homme a le pouvoir d’empêcher les bûcherons d’envahir leur forêt, le ministre brésilien de la Justice. Mais ce n’est pas sa priorité. Faisons en sorte qu’elle le devienne. » Dans un documentaire sur la tribu, Indiens d’Amazonie : le dernier combat, on voit le réalisateur Laurent Richard mettre le ministre intéressé face à ses responsabilités en lui faisant visionner cette vidéo. Début 2014, après avoir reçu 55 000 messages, le gouvernement annonçait qu’au moins 200 soldats et policiers seraient envoyés pour expulser de force les occupants. Malgré cela, début avril, près de la moitié des bûcherons étaient encore sur les lieux. Aujourd’hui, il n’en resterait plus aucun. Mais le territoire des Awá porte les stigmates du passage des envahisseurs (34 % de leur forêt détruite), et la population, quelques centaines de personnes, a aussi été touchée. À condition de rester vigilants, la sauvegarde de leurs terres est acquise et l’avenir des Awá est sauf… Cependant, d’autres membres de ce peuple nomade, qui vivent à l’extérieur de leur territoire officiel, n’ont à ce jour aucune garantie de protection.
[^2]: Source : www.survivalfrance.org