« Happy » en Iran (À flux détendu)

En Iran, il est rigoureusement interdit de se déhancher dans les rues sur une musique anglo-saxonne. C’est pourtant ce qu’ont fait, au nez et à la barbe des autorités, ces garçons et ces filles de Téhéran.

Christophe Kantcheff  • 15 mai 2014 abonné·es

Au moment où s’ouvre le Festival de Cannes, ce n’est pas de cinéma dont je veux parler ici – il en est par ailleurs beaucoup question dans ces pages, et l’actualité cannoise est, comme chaque année, présente quotidiennement sur Politis.fr. Non, ce dont je veux parler, c’est d’un clip. Mis en ligne début mai, il a été tourné par de jeunes Iraniens dans les rues de Téhéran, où ils se montrent dansant sur le tube de Pharrell Williams, « Happy ». Pharrell Williams ? Il faut habiter la Lune (et encore), en tout cas pas Téhéran, pour n’avoir jamais entendu son nom ni les mesures sautillantes de ce « Happy », gage d’un moment de bonne humeur tant ce morceau de funk gentil est bien troussé. Depuis la fin 2013, date de la sortie de l’album où il figure, GIRL, le tube n’a pas quitté la place de numéro 1 dans les classements des hits états-uniens, comme dans de nombreux autres pays, France y compris. Le clip des jeunes Iraniens reprend dans son inspiration le principe de celui de Pharrell Williams, concocté avec les Français de We are from L.A. (WAFLA), d’une durée de 24 heures (!), qui montre le chanteur, mais aussi 366 autres personnes, marchant et dansant partout où c’est possible aux États-Unis au son de « Happy ». Or, en Iran, il est rigoureusement interdit de se déhancher dans les rues sur une musique anglo-saxonne, a fortiori maquillées et cheveux au vent pour les jeunes femmes. C’est pourtant ce qu’ont fait, au nez et à la barbe, bien sûr, des autorités, ces garçons et ces filles de Téhéran pour qui Internet est une opportune façon de s’adresser au monde, eux dont le pays leur complique la vie s’ils désirent se rendre à l’étranger, et le R&B de Pharrell Williams la bande sonore idéale pour signifier leur joie de vivre. Regardez leur clip, pas difficile à trouver sur le Net. Ces jeunes gens n’ont pas seulement du cran, ils nous transmettent aussi leurs espoirs et leur foi en eux. Avec eux, on est « happy »  !

Culture
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