Jérôme Kerviel : Sept ans de déboires
Chronique de sept années de procédure et de communication.
dans l’hebdo N° 1304 Acheter ce numéro
2008
24 janvier La Société générale porte plainte contre Jérôme Kerviel. Quatre jours plus tôt, elle aurait découvert que le trader avait « misé » 50 milliards sur les marchés, et qu’il serait responsable de la perte de 4,9 milliards d’euros dans ses activités de produits dérivés.
28 janvier Kerviel est mis en examen. Renaud Van Ruymbeke est l’un des juges désignés pour instruire l’affaire.
8 février Kerviel est transféré à la prison de la Santé. Il est incarcéré pendant 38 jours.
2 juillet La brigade financière conclut que Kerviel a « abusé de la confiance » et « profité de la négligence de sa hiérarchie ».
4 juillet La commission bancaire attribue un blâme à la Société générale, accompagné d’une amende de 4 millions d’euros pour des « carences graves » dans son système de contrôle interne.
2009
29 avril Daniel Bouton, le président de la SocGen, démissionne de ses fonctions pour mettre fin aux pressions et aux attaques dont il se dit victime depuis l’affaire.
2010
28 janvier Alors que Kerviel est toujours présumé innocent, le Président Nicolas Sakozy fait mine de s’offusquer à Davos de ce qu’un trader ait, « à lui seul, pu faire un détournement qui a coûté plusieurs milliards à cette banque ».
8 juin Début du procès. À 33 ans, Kerviel est poursuivi pour « faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique ».
5 octobre Kerviel est reconnu seul responsable, coupable de tous les chefs retenus contre lui. Il est condamné à cinq ans de prison dont trois ferme, et à des dommages et intérêts de 4,9 milliards d’euros – soit la perte déclarée par la banque. Il fait appel.
2012
4 juin Procès en appel. Suite à des différends entre Kerviel et Olivier Metzner, c’est David Koubbi qui plaide. La veille du procès, l’avocat a été agressé. Il se présente avec un œil au beurre noir, une canne, et… Tristane Banon, qu’il a défendue dans l’affaire DSK.
24 octobre La cour d’appel confirme le jugement en première instance. L’accusation se félicite de la condamnation du « pervers manipulateur » Kerviel.
2013
4 juillet Deux semaines après une tribune intitulée « Kerviel est innocent ! », Jean-Luc Mélenchon s’affiche avec l’ex-trader devant les prudhommes. « Mélenchon a été très courageux, son soutien m’a fait beaucoup de bien », explique Kerviel, qui s’était présenté jadis sur une liste UMP dans sa ville natale.
2014
19 février Accompagné de son avocat, Jérôme Kerviel rencontre le pape François. Le lendemain, il décide de parcourir à pied les 1 500 km qui le séparent de la France à l’occasion d’une « marche de combat pour la régulation du système financier ».
19 mars La Cour de cassation casse l’amende de 4,9 milliards, mais maintient la peine de prison.
22 avril Kerviel porte plainte contre la SocGen pour « subornation de témoin ».
18 mai Après un week-end de suspense, où il a fait valoir sa cause auprès de nombreux médias, Kerviel a passé la frontière française à Menton peu avant minuit, où la justice l’attendait pour l’incarcérer. Certains de ses soutiens entendent continuer sa marche jusqu’à Pont-l’Abbé.
11 juillet Une information judiciaire est ouverte pour faux et usage de faux, et pour escroquerie au jugement, en lien avec des plaintes déposées par Kerviel contre la Société générale.
1er août Kerviel obtient son placement sous bracelet électronique.
8 septembre Il quitte la prison de Fleury-Mérogis. Cinq jours plus tard, il s’affiche dans la Fête de l’Humanité aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, à l’invitation de ce dernier.
2015
14 janvier La cour d’appel de Versailles rejette la demande de Jérôme Kerviel d’une expertise indépendante sur les pertes enregistrées en janvier 2008 par la Société Générale
15 avril Un nouveau procès au civil est prévu du 20 au 22 janvier 2016.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don