La fausse polémique de la jupe nantaise

Lena Bjurström  • 15 mai 2014 abonné·es

Illustration - La fausse polémique de la jupe nantaise

Attention, le grand méchant Genre s’immisce de nouveau dans les établissements scolaires !

Mercredi, les réseaux sociaux bruissaient de messages alertant contre une opération nantaise, « Ce que soulève la jupe ». Cette initiative des élus lycéens du conseil académique de la vie lycéenne propose aux garçons qui le souhaitent de se rendre au lycée en jupe, vendredi, ou de porter un autocollant « Je suis contre le sexisme, et vous ? » .

L’opération, qui prévoit également l’organisation de débats autour de l’égalité homme-femme dans les établissements de l’académie, agite les rangs de la Manif pour tous et assimilés depuis mercredi.

Elle n’est pourtant pas nouvelle. En 2013, le même événement n’avait pas fait tant de vagues. « Je n’ai eu aucun retour négatif ; à l’inverse, des éléments positifs sont remontés, des élèves racontant que même certains professeurs masculins s’étaient prêtés au jeu l’année dernière en venant en jupe » , explique la responsable de la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement (PEEP), Elisabeth Costagliola, au Figaro.

Le Figaro attaque sous la ceinture

À l’époque, la supposée « théorie du genre » , bien que déjà dénoncée par le Vatican, ne faisait pas tant de bruit, et une petite opération lycéenne (l’initiative concerne une vingtaine de lycées de l’académie de Nantes) ne faisait pas l’objet d’un scandale national et médiatique.

Car si la polémique est partie des réseaux sociaux, elle a rapidement été reprise par la presse. Très en pointe pour monter de type d’affaire en épingle, le Figaro dénonce, dans son éditorial de ce jeudi, la « dictature intellectuelle d’une certaine gauche » , les esprits « pollués par la théorie du genre » et le « décervelage égalitariste » .

Rien que ça.

Lire > La confusion du genre


Mise à jour (15/05/2014 14h00)

La petite initiative lycéenne représente un tel danger aux yeux de la Manif pour tous que celle-ci a organisé une petite manifestation « improvisée ». Une centaine de militants, armés de panneaux « Non au gender » , se sont rendus devant le lycée Clemenceau à Nantes, ce jeudi midi, rapporte Ouest France. La journée jupe n’est que vendredi, mais pour mieux répondre aux anti-genre, un lycéen a mis la sienne et s’est perché, jambes nues, sur un mur face aux manifestants.
Ceux-ci ne seront pas déçus de s’être déplacés…

Société
Temps de lecture : 3 minutes

Pour aller plus loin…

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas
À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »
Prostitution 18 novembre 2024 abonné·es

À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »

Dans la Ville rose, les arrêtés municipaux anti-prostitution ont renforcé la précarité des travailleuses du sexe, qui subissent déjà la crise économique. Elles racontent leur quotidien, soumis à la traque des policiers et aux amendes à répétition.
Par Pauline Migevant