Nouvelle Donne se veut volontariste

Le jeune parti entend jouer les trouble-fête quelque part entre les écolos et le Front de gauche.

Denis Sieffert  • 22 mai 2014 abonné·es
Nouvelle Donne se veut volontariste

Cela fait quelques années déjà que Pierre Larrouturou est un nomade au sein de la gauche. Du Parti socialiste aux Verts puis retour, le sac toujours plein d’idées, dont l’emblématique semaine de 32 heures. Mais sans grand succès, il en convient. Les agendas politiques se prêtent peu aux grands bouleversements. Il a donc décidé avec quelques amis de créer un nouveau parti, baptisé Nouvelle Donne, traduction littérale de « New Deal ».

C’est que Nouvelle Donne s’inscrit dans la continuité du Collectif Roosevelt, fondé en 2012 avec des personnalités comme Stéphane Hessel, Edgar Morin, Susan George, Dominique Méda ou Patrick Viveret. L’originalité de la démarche réside dans son caractère concret : le Collectif proposait quinze mesures à prendre immédiatement, en s’inspirant du volontarisme du Président américain après la Grande Dépression de 1929. Parmi ces mesures, la fameuse séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt. Roosevelt l’avait fait en quelques heures en 1933. François Hollande l’avait promis dans son discours du Bourget. On sait ce qui est advenu : une vague filialisation qui ne protège en rien les dépôts des épargnants contre les conséquences des activités spéculatives. Nouvelle Donne a évidemment repris cette proposition dans son programme. Le mouvement demande également la négociation d’un traité européen de convergence sociale pour mettre un terme au dumping qui dévaste l’Europe. Il propose des investissements lourds pour lutter contre le réchauffement climatique. Bref, rien de très original par rapport au Front de gauche et à Europe Écologie-Les Verts. Ce qui change, c’est plutôt la démarche. Des mesures prêtes à servir immédiatement. Tel qu’il apparaît aujourd’hui, le mouvement fondé par Pierre Larrouturou et ses amis se présente plus comme un lobby de la bonne cause que comme un vrai parti politique, dont il n’a ni l’architecture pyramidale, ni les attitudes, ni les habitudes de langage. Pour beaucoup, ce sont là des faiblesses. Pour d’autres, ce sont ces « faiblesses » qui séduisent. Un esprit très « deuxième gauche » qui privilégie les propositions. Ce qui n’empêche pas « ND » de s’opposer vent debout au fameux traité transatlantique. Enfin, le nouveau parti a fini par lever une ambiguïté qui le faisait très mal voir, notamment du Front de gauche : ses élus – s’il en a – allaient-ils siéger au Parlement européen aux côtés de socialistes, cibles du dernier livre de Pierre Larrouturou, la Grande Trahison  [^2] ?

Pas question, a rassuré Pierre Larrouturou, qui précise : « II sera évidemment tout autant impossible pour nous de siéger avec le PS au sein du S&D qu’avec l’UMP au sein du PPE. Ils se succèdent au pouvoir, en France comme en Europe, depuis quarante ans. Ils n’ont compris ni la nature ni la gravité de la crise. Il ne faut pas attendre de ceux qui ont créé les problèmes les solutions pour les résoudre. » Pour autant, les responsables de Nouvelle Donne laissent planer une part de doute sur le choix final. Plutôt les écolos ou plutôt le Front de gauche ?

[^2]: La Grande Trahison , Flammarion, 256 p., 15 euros.

Politique
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