Qu’est-ce qu’on a fait, bon dieu, aux médias intellectuels ?
« Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu« , de Philippe de Chauveron est un film populaire. Et en tant que tel ne peut qu’attirer le mépris de la part de médias donneurs de leçons, drapés dans leur intellectualité auto-proclamée.
Mais ça ne leur suffit pas. Ils spoilent allègrement, en dévoilant le film, ils décident que ce qu’ils ont compris est la Vérité, et, en fin de compte, que les masses qui se déplacent et rient de bon cœur ont tort.
_ Pis: qu’elles sont racistes, elles.
L’équipe de « Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu » après l’avant-première du 14 avril 2014. © Perline
Ça me fait penser à Vacances à Marrakech de Sophie Daumier et Guy Bedos, qui avait été obligé, à force d’avoir le soutien des racistes devant son sketch, de faire une explication de texte avant chaque représentation.
Avec un bel ensemble lamentable, Les Inrocks, Médiapart, Télérama, Le Monde nous trouvent -~nous qui rions de bon cœur et aimons le film~- racistes et vulgaires. Ils fustigent le manque d' »enjeu dramatique », trouvent que, selon le film, « nous serions tous un peu racistes », le réalisateur exploitant les « clichés racistes qu’il veut dénoncer ».
Des critiques qui ne savent ni regarder ni écouter
Non, Emmanuel Budeau de Mediapart, il n’est pas vrai que » Chauveron, le réalisateur, cite Les Aventures de Rabbi Jacob (1973) au détour d’une réplique « , Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu est bourré de références à ce Rabbi Jacob. Mais on imagine assez bien que vous ne l’avez pas vu, grand film populaire, mon Dieu quelle horreur !
Non plus on ne dit » de confession juive « , ce qui est restrictif -~et raciste~-, puisque David est juif, et plus exactement séfarade, et que le film fait bien la différence.
Jean-Baptiste Morain, des Inrocks, a entendu la salle rire. Mais il est vrai qu’elle était » constituée essentiellement de personnages (sic) âgées « .
_ Passé un certain âge, donc, on est un-e imbécile, qui rit à n’importe quoi. Ou bien on est raciste, c’est obligatoire. Bravo aux Inrocks pour ce racisme-là.
Nicolas Didier, de Télérama, résume une constante des prétendus intellos des médias prescripteurs, en affirmant que le film » exploite les clichés qu’il veut dénoncer « . Eh oui, comment mieux montrer les clichés qu’en les montrant ? Daumier et Bedos, une fois de plus.
Le pompon nous vient, comme souvent, du Monde, en l’espèce Franck Nouchi, qui en vomit des tonnes, dénonçant l' » accueil critique » inexistant, oubliant tous ses copains médias intellos.
Franck Nouchi et Jean-Yves Nau[^2] sont les médecins, journalistes du Monde, qui ont défendu Michel Garretta, directeur général de la Fondation nationale de transfusion sanguine, en accusant les politiques, dans l’affaire dite du sang contaminé.
[^2]: Payé un temps par la Société internationale de transfusion sanguine, dont Michel Garretta était alors le secrétaire général.
Le comique c’est qu’il compare le réalisateur, pour l’assassiner, à Gérard Oury ou Michel Audiard, hissés à l’autel de la qualité. Alors même que ce genre de critique méprisant leur tapait dessus à l’époque, et il y a fort à parier que son successeur, dans 30 ans, descendra un autre film populaire hilarant en écrivant une docte critique du genre » Ah la la, quand on pense à Mais qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? *, ça c’était autre chose* » !
Pourquoi sont-ils vexés ?
Pragmatisme : tous ces distributeurs de bons et mauvais points seraient-ils vexés parce qu’aucune projection de presse ne leur a été réservée ? Que nous avons été nombreux à assister, dans diverses villes, à des avant-premières, en spectateurs normaux, payants, et à en rire jusqu’à pleurer.
_ A posteriori c’est une bonne idée de ne pas inviter la presse pour une comédie drôle et populaire…
Du haut de leur grandeur et de tous leurs neurones, leur credo est qu’un film populaire est mauvais, par essence. Si des millions de spectateurs non seulement vont voir le film, mais se le recommandent de bouche à oreille c’est qu’il touche les bas instincts.
_ Que sont ces bas instincts ? Ici le racisme bien sûr. Qui n’existe pas, ou qui est l’apanage des autres. Quel aveuglement. Quel fantasme !
Et bien oui, l’esprit d’appartenance est animal, le rejet absolu du voisin, lui, humain et sociétal.
_ Chacun son pré carré, le voisin est l’étranger, à rejeter.
La France championne du clocher
La France est un pays dans lequel on est obligé de mettre un département sur sa plaque d’immatriculation, obligé de se restreindre, et de s’afficher, à un arbitraire découpage administratif.
Avec ses 36~000 communes, à elle seule la France en possède la moitié de l’Union européenne. Nous n’avons pas (pas encore ?) réussi à nous décrocher de notre pré carré, jusqu’à des niveaux abyssaux de ridicule.
_ C’est dire le niveau d’exclusion de l’autre dont nous pouvons nous targuer.
C’est ce que montre ce film, en passant par un casting évident, populaire, l’étranger étant caractéristique, physiquement d’abord, culturellement ensuite.
Oui ils sont tous de classe moyenne – reproche récurrent chez les critiques qui n’aiment pas.
_ Ce qui ne fait que confirmer que la barrière sociale est plus grande que la culturelle.
_ Mais regardez autour de vous bon dieu !
Doit-on s’en plaindre ? Doit-on le déplorer ? Non. Car le social se change. Même si ce n’est ni une évidence ni simple, en une génération ne sont pas rares ceux qui passent d’ouvrier à avocat et de mère de famille à ingénieure.
_ Oui on le peut, la pression familiale rend plus compliqué le grand saut culturel, ce que montrent d’ailleurs dans le film les petits-enfants des Verneuil.
On aime, on est fier d’aimer et on en redemande
Ce film est une bouffée d’air frais dans ce pays qui semble se scléroser politiquement, mais qui recèle, à l’évidence, des réserves d’ouverture qu’il s’agirait maintenant de mettre en valeur.
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