Téléphonie : « Le gouvernement a le devoir d’agir »

Une récente étude confirme le lien entre portable et cancer du cerveau.

Léa Ducré  • 22 mai 2014 abonné·es

Une étude réalisée par une équipe française de l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (Isped) à Bordeaux démontre le risque accru de tumeur cérébrale pour les utilisateurs intensifs de téléphone portable. Stéphen Kerckhove, délégué général de l’association Agir pour l’environnement, dit ne pas être surpris et déplore l’absence de réaction du ministère de la Santé.

Ce n’est pas la première étude qui conclut au danger de l’utilisation du téléphone portable. Qu’apporte celle-ci de nouveau ?

Stéphen Kerckhove : Rien ! Cette étude ne dit rien de plus que l’étude épidémiologique Interphone, qui concluait déjà en 2008 aux effets délétères d’un usage prolongé du mobile. L’OMS qualifie le mobile de «  potentiellement cancérogèn e » depuis plus de trois ans. Les résultats des chercheurs bordelais sont une simple confirmation. Aujourd’hui, il n’y a plus d’incertitude. L’accumulation de signaux crée une preuve scientifique.

Et toujours aucune réaction du ministère de la Santé ?

Là encore, rien de nouveau. Depuis la sortie de cette étude, on entend seulement le ministère de l’Économie s’exprimer sur les téléphones mobiles. On nous parle de « fusion » et « d’acquisition », mais le portable ne se résume pas à un antagonisme entre SFR, Orange et Free ! L’impact sanitaire de la téléphonie mobile est indéniable. Le ministère de la Santé ne peut plus se réfugier derrière l’incertitude scientifique. Il ne s’agit plus d’appliquer un principe de précaution mais de faire face à un devoir d’action.

Quelles mesures devraient-elles être prises ?

Il faut bien sûr informer sur le bon usage du portable et diffuser des messages de précaution, mais pas seulement. Le gouvernement ne peut pas s’en tenir à la simple sensibilisation. Des mesures préventives doivent être adoptées : solidariser les téléphones et les oreillettes, interdire aux enfants de posséder un portable (et non pas seulement d’en utiliser un) et modérer la promotion des forfaits illimités qui incitent à prolonger l’usage du mobile. Il est évident que ces mesures ne vont pas faire plaisir aux opérateurs, mais elles sont essentielles pour éviter une crise sanitaire grave.

Société Santé
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »
Entretien 22 novembre 2024 abonné·es

« Aujourd’hui, le nouveau front, c’est d’aller faire communauté dans les territoires RN »

Auteur de La Colère des quartiers populaires, le directeur de recherches au CNRS, Julien Talpin, revient sur la manière dont les habitants des quartiers populaires, et notamment de Roubaix, s’organisent, s’allient ou se confrontent à la gauche.
Par Hugo Boursier
Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles
Étude 21 novembre 2024 abonné·es

Les personnes LGBT+, premières victimes de violences sexuelles

Une enquête de l’Inserm montre que de plus en plus de personnes s’éloignent de la norme hétérosexuelle, mais que les personnes LGBT+ sont surexposées aux violences sexuelles et que la transidentité est mal acceptée socialement.
Par Thomas Lefèvre
La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonné·es

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonné·es

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas