Forum « Demain ! ? le monde » : Un commun d’idées
Un forum pluridisciplinaire vise à réinvestir la bataille des idées.
dans l’hebdo N° 1309 Acheter ce numéro
Reconstruire du « commun ». En installant un espace de discussions, de « pensée critique », pluridisciplinaire, afin de réfléchir à la crise actuelle. Crise du capitalisme, du productivisme, de la société dans ses rapports avec la nature. C’est la volonté des nombreux intellectuels, militants, dirigeants et contributeurs de titres de presse [^2], collectifs et organisations [^3] à l’initiative du forum « Demain ! ? le monde ». Tous sont convaincus de la nécessité pour la gauche, dans l’Europe actuelle, de reprendre « la bataille des idées ». Sous le chapiteau du Grand Parquet, dans le XIXe arrondissement de Paris, cette première réunion, placée sous l’égide de la formule « Les idées en actes », a rassemblé des sociologues (Gérard Mauger, Marie-Hélène Bacqué), des philosophes (Étienne Balibar, Guillaume Pigeard de Gurbert), des historiens (Michèle Riot-Sarcey, Roger Martelli), le biologiste Jacques Testart, l’économiste Geneviève Azam, des anonymes, des militants, mais aussi des journalistes de l’Humanité, de Regards, du Monde Diplomatique, de Politis, ou des politiques, comme l’ancienne sénatrice de Paris (PCF) Nicole Borvo. Avec une belle affluence en cette soirée du 20 juin, alors qu’au Brésil l’équipe de France affrontait la Suisse…
Les débats, parfois vifs (vu la diversité des sensibilités représentées) mais constructifs, ont notamment tenté de tirer un bilan des résultats des dernières élections, municipales puis européennes, d’analyser les raisons de l’abstention massive, et plus largement les difficultés à construire et à exprimer une pensée critique. Alors que la crise du capitalisme frappe au premier chef ceux qui devraient, ou auraient intérêt, à s’organiser collectivement afin de refonder une force politique et intellectuelle de transformation sociale. En chosissant pour intitulé « Demain le monde », le forum marque sa volonté de s’installer dans la durée, de dépasser d’emblée la « fragmentation » de la gauche (de gauche) et de « construire, à partir des différences, un commun capable d’inspirer l’action ». Un vœu qui se veut aussi rupture au sein de cette gauche et se traduit dans le sous-titre de son texte programmatique : « Ce qui ne peut plus durer. » La formule rappelle évidemment celle du philosophe marxiste Louis Althusser, lancée en 1978 à la direction du PCF [^4]. Le clin d’œil, peut-être inconscient au départ, reprend volontiers, selon Roger Martelli (qui l’a vivement souhaité), l’adresse althussérienne en direction de son propre camp : « Si l’on veut reprendre l’offensive politique, il s’agit de rompre avec notre incapacité à penser la société telle qu’elle est ; c’est pourquoi j’aime le mot “refondation” car il exprime la volonté de s’inscrire dans une tradition, mais pour la développer dans les conditions de notre temps. »
[^2]: Savoir/agir, Transform ! , Golias, Contretemps, Mouvements, Politis.
[^3]: L’Appel des appels , Économistes atterrés, Attac, Espaces Marx, etc.
[^4]: Ce qui ne peut plus durer dans le PCF , éd. François Maspero, 1978.