La gauche du PS, de l’affliction à la réflexion

Le premier colloque du « Club des socialistes affligés » engage un large dialogue avec toutes les formations opposées à la politique d’austérité.

Michel Soudais  • 5 juin 2014 abonné·es
La gauche du PS, de l’affliction à la réflexion
© Photo : AFP PHOTO/ LOUISA GOULIAMAKI

L’affiche est alléchante. Pour son premier colloque, samedi, à Paris, le Club des socialistes affligés a prévu de faire débattre deux représentants de la gauche du PS, Stéphane Delpeyrat, vice-président de la région Aquitaine, et Gérard Filoche, avec trois représentants d’EELV, Julien Bayou, son porte-parole, et les eurodéputés Pascal Durand et Eva Joly, et les représentants des trois principaux courants du Front de gauche, Clémentine Autain (Ensemble !), Pierre Laurent (PCF) et Jean-Luc Mélenchon (PG). L’invitation de l’ancien candidat du Front de gauche à la présidentielle est inédite dans ce type de cénacle.

Depuis 2009, le courant Un monde d’avance de Benoît Hamon et d’Henri Emmanuelli, auquel appartenait l’économiste Liêm Hoang Ngoc, qui conclura le colloque de samedi, avait invité dans les diverses éditions de son université de rentrée Pierre Laurent, Christian Picquet (Gauche unitaire), Pierre Cours-Salies (Fase, aujourd’hui à Ensemble !), et même Olivier Besancenot. Jamais celui qui avait magistralement claqué la porte du PS en novembre 2008 pour fonder le Parti de gauche. Un évitement perpétué également, fin septembre, par Maintenant la gauche : en clôture de ses rencontres d’automne, le courant d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann, avait convié les dirigeants du PCF, de la GU ainsi que le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, à débattre des conditions d’une union de la gauche avec eux. Mais de Mélenchon, toujours point. À distance des querelles de boutiques, le Club des socialistes affligés proclame dans son manifeste, publié le 11 mai sur Mediapart, n’avoir « aucun ennemi à gauche ». « Nous entendons, dans un esprit unitaire, mener collectivement la bataille idéologique et politique que la gauche a perdue au cours de ces trente dernières années », affirment ses deux rédacteurs. Le premier, Liêm Hoang-Ngoc, économiste bien connu des lecteurs de Politis dont il est l’un des chroniqueurs « à contre-courant », était député européen dans la mandature 2009-2014. Membre du bureau national du PS, il a participé à la marche contre l’austérité, le 12 avril. Le second, Philippe Marlière, professeur à l’University College London, a été membre du PS et se définit comme sympathisant du Front de gauche.

En organisant leur premier colloque samedi, les Socialistes affligés entendent affirmer que « l’austérité en Europe est une erreur » et contribuer à définir les voies d’ « une alternative à la politique de l’offre ». Une table ronde est prévue pour questionner la pertinence de cette politique suivie par le gouvernement avec le syndicaliste Vincent Drezet, les économistes Michel Husson (Fondation Copernic), Dany Lang (Économistes atterrés) et Xavier Timbeau (OFCE), le directeur de la revue Savoir et agir, Frédéric Lebaron, et Jacques Rigaudiat, ancien conseiller de Lionel Jospin aujourd’hui membre du PCF. Auparavant, Martine Chantecaille, initiatrice de l’« Appel des socialistes contre l’austérité », lancé en soutien aux députés frondeurs afin qu’ils ne votent pas le pacte de responsabilité, et Caroline De Haas, ancienne collaboratrice de Benoît Hamon et ex-conseillère auprès de Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, qui a quitté le PS le 10 avril, exposeront « les raisons de [leur] colère ». Il en est qui peuvent être fécondes.

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