Une islamophobie à la française
Avec, en arrière-plan, les conflits au Proche-Orient et leurs prolongations hexagonales, la reconnaissance – ou le déni – de l’hostilité à l’encontre des musulmans vivant en France constitue un clivage de plus en plus aigu dans l’opinion.
dans l’hebdo N° 1306 Acheter ce numéro
Pour nombre d’intellectuels, de journalistes et de responsables politiques français, prononcer le terme « islamophobie » est d’emblée suspect de faire le jeu de l’intégrisme « islamiste » ou tout au moins d’un « communautarisme » musulman. Avec, en arrière-plan, les conflits au Proche-Orient et leurs prolongations hexagonales, la reconnaissance – ou le déni – de l’hostilité à l’encontre des musulmans vivant en France constitue un clivage de plus en plus aigu dans l’opinion.
Puisant dans l’imaginaire colonial, ravivant les blessures des guerres de décolonisation, l’islamophobie en France a pris une tournure spécifique, elle y est apparue souvent plus tôt que dans les pays voisins. Dès 1989, les polémiques sur le port du voile, d’abord à l’école puis plus généralement dans l’espace public, ont été la source d’une instrumentalisation des principes républicains et de la laïcité inscrits dans la loi de 1905. Mais depuis plus d’une décennie, cette islamophobie à la française, en nette progression, ne se limite plus à l’expression d’« opinions » stigmatisantes, mais se traduit par des actes discriminatoires et des agressions verbales ou physiques de plus en plus nombreuses.
Et pourtant… En dépit de nombreuses tentatives de construction d’un « problème musulman » en France, nombre de personnes issues de l’immigration multiplient les signes d’appartenance à la société française. En s’engageant en politique, toutes étiquettes confondues, ou bien à travers la consommation de produits halal, en affirmant une identité propre, celle de Français et musulmans. N’en déplaise à tous les islamophobes, ces racistes qui se veulent respectables en dévoyant les principes de la République.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don