Vers une Agence française pour la biodiversité « unijambiste »
Alors que le projet de loi va être débattu à l’Assemblée, le périmètre de l’Agence française pour la biodiversité pose question.
dans l’hebdo N° 1308 Acheter ce numéro
Résolution attendue du quinquennat de François Hollande, le texte du projet de loi biodiversité est sur le point d’être débattu les 24, 25 et 26 juin devant l’Assemblée nationale. Parmi les mesures phares, telles que l’introduction du principe de « solidarité écologique » et la lutte contre la biopiraterie (l’appropriation illégitime des ressources de la biodiversité), c’est sur la question de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) que convergent les préoccupations. L’AFB sera l’interlocuteur unique de tous les acteurs de la biodiversité et pourra être opérationnelle en 2015. Mais, à l’aube de sa création, elle sème déjà la discorde. Car, si elle regroupera, entre autres, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et l’établissement public Parcs nationaux de France, un simple partenariat sera établi avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), selon la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, qui a hérité du projet de loi porté en mars par son prédécesseur, le député PS Philippe Martin.
La non-intégration de l’ONCFS dans l’agence « conduit à créer un établissement unijambiste, dont l’expertise sera majoritairement aquatique, laissant en déshérence le milieu terrestre, s’indigne Justine Roulot, chargée de mission au sein de l’association Humanité et Biodiversité. Il appartient donc aux parlementaires de revenir sur cette décision ». « Pour moi c’est une grosse farce, s’agace Pierre Athanaze, de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Faire une agence de la biodiversité sans intégrer sa plus grosse composante, c’est se priver de presque mille agents de la police de l’environnement ! » Geneviève Gaillard, députée PS et rapporteure du projet de loi, juge elle aussi « problématique » cette absence, qui satisfait en revanche les chasseurs, eux aussi membres de l’Office. Par peur d’une potentielle dissolution et d’une perte de leur influence, ces derniers refusent en bloc l’intégration de l’ONCFS, au grand dam du SNE-FSU, le syndicat majoritaire au sein de cet établissement public. « S i on reste à l’extérieur, précise Jean-Luc Ciulkiewicz, secrétaire général du SNE-FSU, à Terraeco.net, on va se recroqueviller sur les missions autour de la chasse. On sera soumis à la mainmise des chasseurs et on ne parlera plus de la biodiversité. »