ABCD : renvoyés de l’école
Le nouveau plan d’action n’est guère convaincant.
dans l’hebdo N° 1310 Acheter ce numéro
Le ministre de l’Éducation, Benoît Hamon, s’est livré cette semaine à un périlleux exercice de communication. L’enjeu ? Abandonner les ABCD de l’égalité – ces modules d’enseignement contre les stéréotypes sexistes qui devaient être généralisés à la rentrée – sans que cela n’apparaisse comme un renoncement. Tenter de mettre fin à la polémique lancée par quelques activistes anti-genre sans paraître y céder. Il y a autour du terme « ABCD » trop de « confusion », plaidait Benoît Hamon lundi sur France Inter. Le ministre cherche à rassurer : les ABCD sont juste remplacés par un plan d’action déployant l’éducation à l’égalité tant à l’école que dans la formation des enseignants. Mais ce nouveau programme ne convainc pas. « Pas de contraintes, pas d’objectifs précis, pas d’échéances », dénonce Osez le féminisme. Des belles paroles du ministre, une fois de plus, seuls les volontaires se saisiront.
Si l’abandon des ABCD de l’égalité est critiqué, c’est aussi pour sa portée symbolique. En renonçant à ce qui n’est, selon lui, qu’une « étiquette », le ministre offre l’illusion de la légitimité aux groupuscules qui déforment la réalité. Et il « s’illusionne totalement » sur un possible apaisement du débat public, souligne la Ligue des droits de l’homme, « car les forces qu’il légitime […] ne s’arrêteront pas là ». Farida Belghoul, l’activiste à l’origine des Journées de retrait de l’école, s’est ainsi félicitée de cette « victoire exceptionnelle », rappelant qu’il s’agissait d’une « première bataille ».