En attendant les bombes
Après l’assassinat de trois jeunes colons, Israël menace le Hamas de représailles.
dans l’hebdo N° 1310 Acheter ce numéro
Imaginez que trois étrangers soient assassinés près de chez vous et que, plutôt que de mener une enquête de police pour retrouver les coupables, le pays voisin envoie ses chars et ses avions de chasse pour détruire votre quartier. C’est ce que redoutaient lundi les Palestiniens de Hébron après la découverte des corps sans vie des trois jeunes colons israéliens qui avaient été enlevés le 12 juin. Plus absurde encore, c’est à Gaza, à soixante kilomètres de là, que l’on s’attendait à une offensive de l’armée israélienne. Cela, au prétexte que l’assassinat a été immédiatement attribué au Hamas, dont l’état-major réside dans ce territoire. « Le Hamas est responsable, le Hamas paiera », a déclaré lundi Benjamin Nétanyahou. La menace a d’ailleurs été mise à exécution le soir même par des raids et des bombardements sur le sud de Gaza, mais qui n’auraient pas fait de victimes. Les chasseurs F-16 israéliens ont ciblé des bases du Hamas et du Jihad islamique.
Mais, mardi matin, un jeune Palestinien a été tué par l’armée israélienne qui menait un raid contre le camp de réfugiés de Jénine. À noter que ce jeune homme n’a pas eu droit aux communiqués des grandes capitales, ni à la compassion unanime des chefs d’État, de Barack Obama à François Hollande, en passant par Angela Merkel, qui ont exprimé leur indignation après la découverte des corps des jeunes colons israéliens. Pas davantage que les cinq Palestiniens tués au cours des opérations de ratissage menées depuis le 12 juin. Bien entendu, l’assassinat de ces trois jeunes Israéliens doit être condamné. Mais il faut en rappeler le contexte. Hébron, avec sa colonie juive d’un racisme monstrueux, est la ville de toutes les humiliations pour les Palestiniens. En l’absence de tout espoir de solution politique, on peut prévoir une radicalisation de certains jeunes Palestiniens. Et même l’émergence de groupes infiniment plus radicaux que le Hamas, qui a immédiatement indiqué qu’il n’était pour rien dans cet enlèvement. Mais l’intérêt de Nétanyahou est de désigner le Hamas quelques semaines après la formation d’un gouvernement palestinien d’union nationale qui lui déplaît fortement.