Où en sont les révolutions arabes ?
dans l’hebdo N° 1312 Acheter ce numéro
S’il fallait ne retenir que trois pays pour témoigner des destins divergents des révolutions arabes, ce seraient sans aucun doute l’Égypte, la Tunisie et la Syrie. En Égypte, vu de loin, et quelques milliers de morts plus tard, c’est un peu comme s’il ne s’était rien passé. La dictature militaire a repris sa place après trois années de manœuvres assez habiles pour duper une partie de l’opinion. En Tunisie, une Constitution place désormais le pays sous le régime d’une laïcité adaptée.
La démocratie est à portée de vue, mais le problème social reste entier. En Syrie, c’est l’apocalypse. Là où Moubarak et Ben Ali se sont effacés sans presque résister, le clan Assad préfère anéantir son peuple que de céder une parcelle de pouvoir.
Dans chacun de ces pays et dans les autres évoqués dans ce dossier, il y a toujours trois protagonistes majeurs : l’armée, les islamistes, la société civile. Et il arrive, bien sûr, que les deux derniers se confondent en partie. Mais il arrive aussi que la société civile en appelle à l’armée. C’est ce qui s’est produit en Égypte, lorsqu’une partie de la société, en juin 2013, a préparé l’arrivée au pouvoir du général Al-Sissi. Le drame, c’est que la peur de tomber sous la tutelle des Frères musulmans a conduit au sacrifice de la démocratie. Aujourd’hui, l’armée se retourne contre les jeunes et les démocrates qui ont nourri cette illusion. Mais la responsabilité des islamistes égyptiens est énorme. Ils ont voulu monopoliser les pouvoirs, produisant une réaction de rejet d’une partie de la société.
Enfin, nous évoquerons ici la situation de la Libye, le plus indéchiffrable peut-être des pays arabes si l’on s’en tient aux grilles de lectures qui nous sont familières. Un pays qui nous rappelle qu’un quatrième acteur a joué un rôle parfois décisif dans ces révolutions : la « communauté internationale ».
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